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Surprise écologiste en France (13,5%), résistance en Autriche (14%), poussée des Verts en Allemagne (20,7%). Face à la percée populiste en Europe, une autre voix s’est fait entendre dans les urnes dimanche. Celle d’un fort appétit pour une cause commune : sauver la planète, que nombre de listes électorales avaient reprise à leur compte. Après des mois de manifestations pacifiques de la jeunesse européenne, l’heure est donc à la responsabilité des plus vieux. Élus dimanche au Parlement européen, à eux d’avancer. Et notamment de construire cette Banque européenne du Climat, rare solution à la hauteur de l’enjeu.

Car le nerf de la guerre, c’est évidemment l’argent ! La transition énergétique suppose 1.115 milliards d’eurosd’investissements en Europe, chaque année et jusqu’en 2030, selon la Cour des Comptes Européenne. Il faut transformer l’énergie, l’eau, les transports, les déchets, les logements, les villes… Assurément, les citoyens ne pourront pas payer. Le budget européen non plus : il s’établit à peine à 160 milliards d’euros par an. Mais, en 2017, Jean Jouzel, climatologue, et Pierre Larrouturou, économiste élu ce dimanche au Parlement européen, ont eu une idée nouvelle : créer une Banque du Climat. Emmanuel Macron l’a proposé en mars. Son parti l’a repris dans son programme. EELV et le PS… aussi !

Alors, comment fonctionnerait cette Banque du Climat ? Elle accorderait des prêts à taux zéro à chaque État, à hauteur de 2% du PIB. Et cela, tous les ans pendant 30 ans. Pour la France, cela représente 45 milliards d’euros chaque année. De même que la BERD avait permis de reconstruire l’Europe de l’Est dans les années 90, de même que la BCE a sauvé nos banques en fabriquant 1.000 milliards d’euros en 2008, cette Banque du Climat investirait par simple création monétaire dans les économies d’énergie, les énergies renouvelables ou les projets bas carbone, en Europe et en Afrique. Mais cela ne sera pas suffisant. Car investir 2% du PIB européen représente 300 milliards d’euros par an. On est encore loin des 1.115 milliards nécessaires.

D’où l’idée de créer, en plus, un budget européen de 100 milliards d’euros par an, dédié spécifiquement à la transition écologique. Pour le financer, Pierre Larrouturou propose un impôt fédéral européen de 5% sur les bénéfices des grandes entreprises. Pas insurmontable, à l’heure où le taux d’imposition moyen sur les entreprises est au plus bas, à 19% en Europe contre 24% aux États-Unis. S’il était mis en place, un tel budget européen permettrait d’obtenir des effets de leviers importants dans l’univers de la finance verte et des green bonds. Sans parler des autres pistes de financement déjà en débat : la fin des subventions aux énergies fossiles, la taxe carbone aux frontières, la lutte contre l’évasion fiscale et contre la concurrence fiscale intra-européenne… 

Ce projet a tout l’air d’une bonne solution. Certes, il faudra convaincre les partenaires européens. La tâche sera longue, même si certains pays y seront forcément sensibles, comme les Pays-Bas où l’État a déjà été condamné pour inaction climatique. En France, 241 députés ont déjà rallié ce projet. De tous bords politiques ! A l’exception notable des députés du Rassemblement national.

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