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Désinformation, rumeurs, mensonges… Les « fake news », comme l’on dit aujourd’hui, menacent nos démocraties parce qu’elles nous font perdre tous les repères de la compréhension du monde. « Ce qui se propage énormément sur les blogs et les réseaux sociaux, ce sont les informations sensationnelles. J’ai pu lire que le taux de propagation du coronavirus serait de 15 %, alors qu’il est en réalité de 3 % », témoigne Emmanuel Vincent. Sans parler de “l’infobésité” !

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, nous faisons face à une surabondance d’informations. Or, parmi celles-ci, beaucoup de fausses informations sont abondamment relayées. Un problème majeur, puisqu’elles peuvent mettre en danger la santé de la population. Pour lutter contre ce phénomène, le scientifique Emmanuel Vincent a développé Science Feedback : une association qui donne la parole aux chercheurs pour vérifier la crédibilité des informations dans le domaine scientifique.

Le MIT a pu démontrer qu’une « fake news » avait 70 % de chances supplémentaires d’être retweetée qu’une information vérifiée, et qu’elle se répandait 6 fois plus vite. « Si les gens commentent, aiment et partagent les fausses informations, c’est parce qu’elles sont de l’ordre du sensationnel », estime Emmanuel Vincent.

Pour lutter contre le phénomène, Facebook s’est associé à Science Feedback : le plus grand réseau social du monde « change son algorithme pour que les comptes, pages et groupes qui promeuvent des fausses informations de manière répétée voient leur viralité diminuée. C’est paradoxal dans le sens où Facebook a facilité la propagation de ces fausses informations, mais en même temps Facebook n’est pas entièrement responsable de tout ce qu’il se passe sur sa plateforme », explique Emmanuel Vincent.

5 millions de visiteurs par an

Science Feedback permet en effet de vérifier des informations, de lutter contre la désinformation et de donner directement la parole aux scientifiques. « Pour vérifier les informations, nous nous appuyons sur la littérature scientifique et nous interrogeons des experts pour savoir ce qui est plausible ou non », explique Emmanuel Vincent, exemple à l’appui : « Le coronavirus est un des événements que nous identifions. Nous regardons les publications les plus virales sur le sujet : posts, images, vidéos. Et nous pouvons les vérifier pour marquer les posts incorrects. Facebook envoie une notification à toutes les personnes qui ont partagé les fausses informations. Ce qui leur permet de lire notre post ainsi que l’article lié. »

« On constate deux tendances : les fausses vidéos émergent, car il y a plus en plus de facilités à manipuler l’information, ce qui conduit à douter de tout. Et en même temps, les réseaux sociaux commencent à rééquilibrer les algorithmes pour mettre plus en valeur les sources fiables et professionnelles », conclut le fondateur.

Aujourd’hui, le site de Science Feedback comptabilise environ 5 millions de visiteurs par an. Et près de 400 scientifiques bénévoles contribuent au projet. Initialement axée sur le climat et la santé, l’association a pour objectif de croître au-delà de ces deux activités, afin de donner la parole à davantage de scientifiques.

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