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À 33 ans, elle a représenté durant 4 ans l’important réseau d’associations étudiantes Animafac et elle incarne désormais le Mouvement Associatif, qui représente à lui seul plus de 600.000 associations en France, soit la moitié des associations du pays. Impressionnant ! Claire Thoury n’a pas la langue dans sa poche. Et elle engage sans sourciller le discours sur le terrain politique.

« Au 1er juillet, nous allons fêter les 120 ans de la Loi de 1901, une grande loi de libertés associatives », posait-elle d’emblée dans cette interview accordée à Mediatico à l’été 2021. « Mais, au même moment, le projet de loi visant à conforter les principes de la République pose des difficultés au monde associatif », car le Contrat d’engagement républicain qu’il inclut exige des associations « qu’elles ne mettent pas en péril l’ordre public ». Voilà deux ans déjà, l’alerte était donnée. Voilà qui résonne à nouveau fortement en ce début d’année 2023 (lire notre édito sur le contrat d’engagement républicain).

Ce texte porte donc en lui-même un acte de défiance inacceptable, alors que les associations ont été en permanence en première ligne durant toute la crise du Covid. « Les associations ont grandement contribué au travers de l’histoire à faire bouger les valeurs et les principes, personne ne remet cela en question aujourd’hui. Si le Contrat d’engagement républicain avait existé voilà un siècle, nous ne serions peut-être pas arrivés jusque là aujourd’hui », affirme-t-elle.

Et encore : « La vie associative a changé, les formes d’engagement ont changé, la crise sanitaire a révélé de nouveaux besoins de solidarité, déclarait-elle à Mediatico. J’adorerais que l’on organise après l’élection présidentielle de 2022 des Assises nationales de la vie associative. Ce serait les premières depuis 20 ans ». Autrement dit, depuis bien trop longtemps. La relation entre le monde associatif et les pouvoirs publics ne sont pas optimales, il est temps de changer cela. Et cela vaut toujours en 2023 !

Claire Thoury a donc de fortes convictions. Mais d’où lui vient son engagement ? « Mon engagement vient d’un sentiment fort que le système éducatif français est limité, limitant et très anxiogène. On nous a dit de réussir à l’école, d’avoir de bonnes notes, d’avoir le bac puis une licence… pour trouver du travail. Si tu travailles bien à l’école, tout se passera bien dans ta vie. J’ai eu mon Bac en 2007, à l’aube d’une violente crise économique. J’ai vu beaucoup de gens terminer leurs études et se retrouver sur le carreau. Je me suis dit que tout cela était un leurre, que l’éducation formelle ne tenait pas ses promesses ».

Et pourtant, son regard sur l’engagement des jeunes est optimiste : « Nous sommes face à une génération hyper résiliente, qui s’adapte, qui porte des projets, qui défend des causes. Cet engagement, c’est une réponse. Cela permet de partager des responsabilités avec d’autres, d’être en situation de faire et d’agir. Cela contribue à un sentiment de réussite, à acquérir des compétences, à se connaître mieux soi-même, à découvrir davantage les autres, à se construire politiquement et à s’affirmer en tant que citoyen ».

Pour Mediatico, elle raconte aussi sa récente rencontre avec deux Secrétaires d’État du premier mandat d’Emmanuel Macron : Sarah El Haïry en charge de la Vie associative, Olivia Grégoire en charge de l’Économie sociale, solidaire et responsable. A l’en croire, la dissonance entre les deux serait frappante. Et comme en écho, elle nous parle de l’insuffisance d’une politique ambitieuse et transversale pour le développement de la vie associative en France… Une interview motivante et motivée, à retrouver ici en intégralité.

[Article publié initialement en juin 2021, republié en janvier 2023]

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