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« Dans les villes, la mécanique de la vacance structurelle n’est pas près de s’arrêter », objective Simon Laisney. Voilà huit ans, il créait avec trois amis l’association Plateau Urbain, devenue aujourd’hui une coopérative de 44 salariés, dont l’objectif est de « mettre des espaces vacants à disposition des acteurs culturels et associatifs, de l’économie sociale et solidaire ». Invité par Mediatico, Simon Laisney nous raconte son parcours et sa vision de la ville de demain, au travers d’un double regard : celui d’un spécialiste de l’immobilier également acteur du monde associatif, engagé pour la création d’utilité sociale au coeur de nos villes.

Après cinq années d’études à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Simon Laisney décroche un master d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Deux personnages en particulier l’ont inspiré. La lecture du géographe Paul Claval, qui l’incite à approfondir ses réflexions : « Pour lui, l’objet ville n’est pas une science exacte. Alors que tout le monde peut être urbaniste, cela m’a réjoui de voir que quelqu’un mettait des mots sur cette idée », explique-t-il. Et l’anthropologue Henri Lefebvre, pour qui « la ville appartient à ceux qui la pratiquent, à ceux qui la traversent ».

« La ville appartient à ceux qui la pratiquent »

Puis, Simon Laisney intègre le groupe DTZ, l’un des géants de la gestion d’immobilier du bureau. Responsable de l’offre de bureaux et de la compilation des bases de données, il prend conscience de la vacance structurelle de l’immobilier de bureau : « Si l’on observe en parallèle le rythme de production de bureaux neufs et le rythme de leur location, on voit qu’il y a en permanence 3,5 millions de mètres carré de bureaux vides en région Île-de-France », déclare-t-il. « Structurellement, ce n’est pas forcément un problème. Mais que faire de ce stock monumental ? Comment encourager à un usage plus massif des temps intercalaires ? ». Ainsi germe l’idée de Plateau Urbain dans son esprit, aux côtés notamment de Gautier Le Bail, que nous avions déjà interviewé sur Mediatico.

L’activité de Plateau Urbain s’inscrit donc dès l’origine dans une double perspective. L’occupation des lieux vacants en ville et l’animation des centres urbains grâce à une activité culturelle, associative ou entrepreneuriale utile au plan social. Car pour Simon Laisney, « la ville ne doit pas être uniquement dictée par la loi du marché ». Exemple emblématique s’il en est, le projet des Grands Voisins, au coeur de Paris. Mené en partenariat avec les associations Aurore et Yes We Camp, ce projet a été un « accélérateur, un laboratoire à une échelle insoupçonnée », qui a permis « de donner un écho à tout ce que nous avions en tête ». Sur une durée de cinq ans (2015-2020) et sur une superficie de 3,5 hectares !

Pourquoi Plateau Urbain s’est transformé en coopérative

C’est en 2016 que l’association Plateau Urbain est devenue une coopérative. Pour pouvoir obtenir le statut d’agence immobilière d’une part. Mais aussi pour impliquer toute l’équipe dans la gestion de la structure. « Être en association n’avait pas de sens, explique Simon Laisney. Nous n’avons jamais dépendu de subventions publiques, elles représentent à peine 10 à 15% de notre chiffre d’affaires ». A présent, les statuts de la coopérative empêchent toujours toute redistribution de dividendes aux sociétaires, ce qui permet de financer d’autres projets.

En cette fin d’année 2021, Plateau Urbain gère une quinzaine de lieux : en Île-de-France, à Lyon, à Marseille notamment. Domiciliée au Village Reille, un des tiers-lieux qu’elle gère [et où Mediatico est également installé], Plateau Urbain estime ne pas être en concurrence avec d’autres acteurs de l’immobilier. Un secteur qui a « sincèrement envie d’avoir un impact social », estime Simon Laisney.

Les projets d’avenir de Plateau Urbain

Pour voir plus loin et se projeter à plus long terme, Plateau Urbain vient de créer Base Commune. C’est une filiale qui travaille sur la vacance des surfaces commerciales au rez-de-chaussée des immeubles d’habitation. Ainsi que Commune Mesure, un outil qui permet d’évaluer l’impact des structures qui s’engagent dans les dynamiques d’occupation temporaire. Mais c’est probablement en régions que se jouera l’avenir de Plateau Urbain. Car pour Simon Laisney, « la ville moyenne désindustrialisée d’hier serait la ville de demain ».

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