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3 questions à Nicolas Mitton,
Chargé de plaidoyer, IDO Plaidoyer

Q : Sur quoi porte la bataille parlementaire dans la filière jouet ?

N. M. : L’Ademe nous dit que la filière jouet représente 100.000 tonnes de déchets en France chaque année et que le gisement dormant, dans nos tiroirs, serait même de 500.000 tonnes. Les acteurs du réemploi de jouets, eux, ont collecté 200 tonnes en 2018. La marge de progrès est donc énorme si l’on veut lutter contre la pollution plastique. Face à cela, le Sénat a accepté de créer un fonds qui capterait 5% des éco-contributions lors des ventes des produits pour financer le réemploi. De son côté, l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) a demandé la mise en place d’un fonds dédié à la réparation. Enfin, nous demandions que les acteurs du réemploi soient inclus dans la gouvernance des filières pour qu’ils puissent faire des propositions d’écoconception aux fabricants. Mais au final, l’entrée en vigueur de quasiment toutes les filières de réemploi a été repoussée à 2022, à la demande des producteurs et des distributeurs des filières traditionnelles.

Q : Pourquoi y voyez-vous une menace pour les acteurs du réemploi en France ?

N. M. : Nous avons proposé d’ouvrir la commande publique aux filières du réemploi : cela permettrait à l’Etat et aux collectivités locales d’inclure par exemple des jouets issus du réemploi dans leurs achats publics. Mais les représentants de la filière jouet traditionnelle ont réussi à faire passer un amendement qui, au motif de la sécurité et de la santé des enfants, interdit la réparation et le reconditionnement hors de leurs circuits agréés de certains produits dont la liste sera fixée par arrêté. Le jouet est expressément visé. Il n’y a pourtant jamais eu aucun incident à déplorer dans les filières de réemploi de jouets. Même des professionnels de la petite enfance se fournissent dans les structures de réemploi. Mais avec cet amendement, la filière jouet traditionnelle pourrait choisir de n’agréer aucune structure de réemploi, ou de créer sa propre filière. Cet amendement représente donc un danger pour les 9 acteurs du réemploi de jouets en France, ainsi que pour les autres filières.

Q : Les jouets McDonalds et Kinder sont-ils aussi sur la sellette ?

N. M. : Un amendement porté par Zéro Waste France propose en effet d’interdire, non pas tous les jouets, mais les jouets en plastique dans la restauration. On le sait peu, mais McDonald’s est le premier distributeur de jouets dans le monde. C’est un fléau environnemental considérable : les jouets sont mal conçus, ils sont estampillés McDonald’s, ils ne peuvent donc pas être remis en circulation et cela représente des montagnes de déchets plastique. Cela concerne d’ailleurs aussi les jouets dans les Kinder Surprise. L’objectif de Zéro Waste France n’est évidemment pas de ruiner les rêves et la joie des enfants, mais d’amener les industriels à trouver de nouvelles pistes de cadeaux. Pourquoi pas des livres ?

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