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Au fait, bonne année encore… surtout si vous êtes actionnaire du CAC 40 ! Car les quarante plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse ont redistribué l’an dernier 60 milliards d’euros à leurs actionnaires, dont 49,2 milliards sous forme de dividendes. Ah bon, les entreprises donnent de l’argent à leurs actionnaires ? Parfaitement. Après avoir payé leurs impôts (!), elles répartissent toujours leurs bénéfices en trois parts : une (grosse) pour les actionnaires, une pour leurs investissements, une (petite) pour les salariés. Normal, donc. Et cette redistribution ne se fait ni au détriment des investissements, ni de l’emploi : ces deux indicateurs progressent eux aussi. Ouf !

Mais, avez-vous bien noté que ces 60 milliards ne concernent que… 40 entreprises ? Oui, nos super champions français en ont sous le pied. C’est la récompense, pour la plupart, de leurs bonnes performances à l’international. Cocoricooo ! Dans l’ordre des montant redistribués, cela concerne au premier chef Total, puis Sanofi, BNP Paribas, Vivendi, AXA, LVMH, L’Oréal, Engie… Leur bonne santé se reflète dans le fameux indice CAC 40, en hausse de 26% de l’an dernier, qui dépasse actuellement les 6.000 points, ses niveaux de 2001 et de 2007.

Ce qui est étonnant, c’est ce montant de 60 milliards. Un chiffre en progression de 12% sur un an. Si un esprit taquin cherchait à se comparer, c’est évidemment beaucoup plus que l’inflation… ou que la hausse de nos pensions de retraite, hin, hin. C’est aussi un niveau record reversé aux actionnaires, supérieur à celui de 2008 au tout début de la crise financière. Inutile de jouer les Cassandre et d’anticiper un retour des années noires : en économie, nul n’a de boule de cristal. Mais chacun sait que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. La Bourse non plus. En attendant, les actionnaires empochent. Mais difficile d’imaginer ce que représentent 60.000.000.000 euros, non ? 

Et bien 60 milliards, c’est ce que la contrefaçon coûte chaque année à l’économie européenne. Aucun rapport, me direz-vous. C’est aussi ce que le candidat Hollande en 2012, puis le candidat Macron en 2017, ont promis de réaliser comme économies sur la dépense publique en France. Hors sujet, là encore, car ce ne sont pas les actionnaires du CAC 40 qui colmatent les brèches du budget de l’Etat. Mais 60 milliards d’euros, c’est aussi ce que l’industrie automobile allemande va investir en 3 ans dans les voitures électriques ou autonomes. Car « sans cela, les objectifs de l’Union européenne en matière de CO² ne pourront pas être tenus à l’horizon 2030 », disait au printemps le patron de VDA, la puissante fédération allemande de l’automobile. Electrochoc !

A l’heure où la Bourse flambe, à l’heure où l’Australie s’embrase, comment ne pas mettre les entreprises françaises et européennes en responsabilité face au dérèglement climatique ? La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté son « Green Deal » pour faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone en 2050. Elle est prête à y consacrer 100 milliards d’euros par an. Combien pour les plus grandes entreprises européennes et leurs actionnaires ? Redisons-le : Total, Sanofi, BNP Paribas, Vivendi, AXA, LVMH, L’Oréal, Engie… et toutes leurs homologues européennes doivent prendre leur part de responsabilité.

A commencer par celles qui exploitent les énergies fossiles. Ou ceux qui les financent… y compris leurs actionnaires.

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