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Au Salon des Entrepreneurs, la semaine dernière, le président d’un réseau d’accompagnement d’entrepreneurs m’annonçait fièrement : “Nous sommes solidaires, puisque nous créons des emplois”. Son enthousiasme était communicatif, sa sincérité évidente. Mais quand la discussion allait dévier vers la qualité des emplois, les besoins du territoire ou les emplois d’insertion, le temps lui manquait déjà. Dommage. Car créer des emplois n’est pas un acte de solidarité en soi, c’est d’abord une nécessité économique. A moins que cette action sous-tende une mission. Alors, pourquoi faisons-nous les choses ? Quelles valeurs mettons-nous dans nos actes ? Parfois aucune, c’est le droit de chacun. Mais il arrive que des valeurs fortes, tournées vers l’intérêt général, soient au coeur de l’action d’entreprendre. L’économie prend alors tout son sens.

L’émergence des “entreprises à mission” et de leur “raison d’être”, instituées par la Loi Pacte, interroge l’intention des entreprises. Carrefour a inscrit l’enjeu de la “transition alimentaire pour tous” dans ses statuts. Danone se positionne sur “la souveraineté alimentaire”. Le Crédit Agricole entend “agir chaque jour dans l’intérêt de [ses] clients et de la société“. PWC veut “bâtir la confiance“. Axa compte “protéger et agir pour un futur serein“… Fort bien. Mais ces objectifs relèvent-ils de l’activité classique, de la mission, ou de la raison d‘être ? Le greenwashing et le galvaudage de la RSE étant passés par là, les bonnes intentions méritent des preuves. L’heure est à l’exigence. Il faut montrer patte blanche.

La raison d’être désigne une ambition d’intérêt général portée par l’entreprise, qui va au-delà du profit à court terme. Mais “sans engagements pour la faire vivre, une raison d’être n’est qu’une fiction”, affirme Anne-France Bonnet, présidente de Nuova Vista et co-fondatrice de la Communauté des Entreprises à Mission. Cette raison d’être, qui engage l’entreprise, sa direction, ses collaborateurs, ses actionnaires et l’ensemble de son écosystème, est la colonne vertébrale d’un projet stratégique à long terme. Elle définit “ce que l’entreprise apporte à l’humanité“, assure Fabrice Bonnifet, président du C3D, à nos confrères de Novethic. Mais la loi précise qu’il ne suffit pas de s’en tenir au ”pourquoi” : il faut aborder le “comment” et se doter des moyens d’agir. Or, trop rares sont aujourd’hui les entreprises qui précisent leurs engagements en la matière.

Pour les aider, le C3D et l’Observatoire de la RSE (ORSE), présidé par Hélène Valade, ont joint leurs forces pour proposer un guide commun, qui accompagne les entreprises dans la (re)définition de leur raison d’être. Un guide à la fois technique et opérationnel, nourri de nombreux cas pratiques et de recommandations, qui s’adresse bien sûr aux directions Développement durable et RSE des entreprises, mais aussi plus largement à des structures de toutes tailles qui veulent intégrer les enjeux sociaux et environnementaux dans leur activité. Les structures de l’économie sociale et solidaire pourraient se croire à la pointe de l’avant-garde en la matière. Une lecture en creux d’un tel guide leur apportera toutefois beaucoup, à elles aussi.

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