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Par Vincent AURIAC,
Fondateur de AXYLIA
(www.axylia.com)

Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, a récemment mis en garde la communauté financière sur les lourds risques à la stabilité financière portés par le changement climatique. Le risque est d’autant plus grave qu’il n’est pas intégré dans la comptabilité des sociétés cotées, ce qui donne une image faussée de leur rentabilité.

 

L’externalité du moment concerne le charbon et les énergies fossiles, mais d’autres suivront. Or, la stratégie « best in class » largement répandue dans le domaine de l’investissement socialement responsable (ISR)* prend mal en compte ce risque carbone, comme l’a indiqué Christine Clet, gérante chez Allianz pour le compte de l’Ircantec.

 

De fait, l’ISR « best-in-class » est à un tournant. Les fonds sont construits à partir de modèles financiers qui utilisent souvent les capitalisations boursières et l’information diffusée par les sociétés cotées elles-mêmes, comme l’a montré l’affaire Volkswagen.

 

La gestion financière doit sortir de la schizophrénie qui consiste à proposer un fonds ISR et à ne rien changer au reste de sa gamme, car ces pratiques freinent la crédibilité et la diffusion de la finance responsable.

 

Le mouvement dit « d’intégration ESG » doit prouver et mesurer la réduction des risques qu’il prétend atteindre. Aujourd’hui, le seul fonds de placement français à avoir exclu les énergies fossiles de son portefeuille est alimenté par les capitaux d’une association, le CCFD.

 

L’industrie de la finance doit sortir du mode binaire dans lequel elle s’est enfermée. En France, la finance solidaire et les banques durables touchent moins de 1% de la clientèle. Elles sont assurées d’un fort potentiel de développement compte tenu de la sincérité que perçoit le grand public et de la traçabilité qu’elles apportent. Mais l’urgence des défis, à commencer par le climat, commande aux banques traditionnelles de proposer très vite des solutions mainstream pour les 99% restants de la clientèle.

 

Dans cette logique, le développement rapide de la « finance d’impact » est particulièrement intéressant à observer. Celle-ci cherche à investir plus clairement dans des entreprises non cotées, avec la volonté ex ante résoudre un problème précis de société, combinant exigence de rentabilité financière et mesure de son impact.

Vincent Auriac, Axylia

 

* Dans une stratégie « best in class », le gérant ISR choisit de garder en portefeuille les « meilleures » entreprises de leur catégorie au regard de critères sociaux, environnementaux et de gouvernance.

 

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