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« Une plateforme multi-acteurs pour un cacao responsable », voilà à quoi aspire Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France, qui a démocratisé le commerce équitable dans les circuits de grande distribution. Interviewé par Mediatico lors du dernier salon Convergences, il a mis en avant cette volonté de réguler la filière du cacao. D’après lui, 95 % des productions chocolatées en France n’apportent en effet aucune garantie : « C’est très probablement un cacao fabriqué avec du travail d’enfants, qui provoque de la déforestation et qui ne livre pas un revenu minimum ». Max Havelaar entend « stopper ce cercle vicieux de ce cacao de misère ».

Blaise Desbordes expose notamment le problème du manque de filets de sécurité pour les planteurs : « Nous avons des milliers de planteurs avec des petites surfaces d’exploitation et, en face, les géants du cacao qui ont une puissance énorme ». L’objectif est donc de définir « un revenu minimum pour les paysans [pour ne pas subir] les aléas du marché mondial ». Il évoque l’exemple belge, qui a lancé en 2018 le programme “Beyond Chocolate” pour « rendre le chocolat belge durable et garantir un revenu vital aux producteurs d’ici 2030 ».

La banane, une « succes story du commerce équitable »

Derrière le chocolat, la banane est également un combat. Quoi de mieux qu’un Banana Split pour allier les deux ? La banane est « la » success story du commerce équitable, considère Blaise Desbordes. Après des années de sensibilisation, de plaidoyer et d’actions, 13 % des bananes vendues en France sont désormais labellisées « commerce équitable ». Mais le combat ne fait que commencer : « La fameuse banane à un dollar, celle qui viole les droits des producteurs, qui est dangereuse pour l’environnement, ne l’achetez pas ! », lance-t-il. Car elle existe bel et bien, sur la plupart de nos étals. Et si elle coûte moins cher, c’est le consommateur qui en payera le coût : « Un jour, on reprendra en impôt ce qui a été détruit dans l’environnement et dans la misère ».

Pour de nombreux autres produits alimentaires, un rééquilibrage est nécessaire entre le coût réel et « ce que paient les Français pour ne pas payer le prix final ». Pour répondre aux enjeux sociaux et de pouvoir d’achat, Blaise Desbordes aimerait par ailleurs apposer le label Commerce équitable sur bien des produits élaborés en Europe ou en France : « Nous voyons des poches de pauvreté et de désespoir, il faut utiliser les outils du commerce équitable qui ont fait leurs preuves » (voir note dossier). Encore un long combat devant nous.


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