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Par Thierry FORNAS,
Président d’EcoAct
(www.eco-act.com)

L’accord final de la COP21, qui a rassemblé l’ensemble de la communauté internationale fin décembre à Paris, est un succès important dans la prise de conscience mondiale de la lutte contre les changements climatiques.

 

Evidemment il aurait pu être plus contraignant, moins consensuel… Mais regardons le verre à moitié plein : malgré l’absence regrettable d’un prix au carbone, il incite au développement d’une économie décarbonée. La mention explicite de « mécanismes de compensation » en est une illustration. C’est une reconnaissance de l’efficacité des dispositifs existants et un grand pas en avant !

 

En quoi cet accord permettrait-il de sortir du « Business as Usual »  et d’une économie trop fortement carbonée ? En quoi les mécanismes de compensation carbone sont-ils une réponse appropriée ?

 

C’est l’article 6 de l’accord qui nous éclaire ! Il fournit un cadre général permettant de faciliter le développement d’initiatives bas-carbone sur les territoires par la poursuite des mécanismes mis en place par la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies contre les Changements Climatiques). Sans être trop technique, il s’agit , quel que soit le mécanisme, d’investir dans un projet évitant des émissions de gaz à effet de serre (GES) soit au sein d’un pays industrialisé engagé à réduire ses émissions, soit dans un pays du Sud où les émissions de GES explosent et où il est prioritaire de les réduire tout en permettant à ce pays de se développer.

 

La clé est que ces réductions d’émissions donnent lieu à des crédits carbone, que l’on peut acheter ou revendre. Dès lors, les acteurs économiques y trouvent l’opportunité de développer de nouveaux business models jusqu’alors inenvisageables : remplacement d’un parc de véhicules thermiques par des véhicules électriques, valorisation des services éco-systémiques rendus par les forêts, développer des projets d’énergie renouvelable ou d’efficacité énergétique, etc

 

Ces projets vertueux pénètrent jusqu’au cœur de l’entreprise, sous forme d’initiatives bas-carbone au sein même de sa chaîne d’approvisionnement : on parle alors d’ « insetting », dont le concept a été initié par EcoAct en 2006. C’est ce sur quoi travaille un grand groupe cosmétique avec ses fournisseurs, ou le groupe La Poste.

 

Les économistes sont unanimes : il faut donner un prix au carbone pour orienter les investissements vers des projets bas carbone et il convient d’arrêter progressivement les subventions aux énergies fossiles. On constate dès lors que les rapports de force entre projets carbonés et initiatives vertueuses sont en train de changer : progressivement la balance économique penche de façon plus évidente en faveur des énergies propres, et les acteurs économiques sortent du « Business as Usual », trop fortement carboné. Ainsi le secteur bancaire, qui se soucie de la sobriété énergétique de ses investissements financiers, se désengage des projets les plus polluants de son portefeuille. Et cela ne va que s’accentuer !

 

Le cercle vertueux est en marche pour atteindre la neutralité carbone promise entre 2050 et 2100. Mais le cercle n’est pas bouclé : l’accord doit désormais déboucher sur un cadre juridique et économique qui incitera à la décarbonation de nos sociétés, qu’elles soient au Nord ou au Sud.

 

Avec le temps, les technologies les plus efficaces vont surgir ! C’est là tout l’intérêt de ces mécanismes nés après la Sommet de la Terre à Rio, en 1992. Des mécanismes désormais légitimés par l’Accord de Paris !

 

Thierry FORNAS
Président d’EcoAct

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