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3 questions à Me Alissa Pelatan, fondatrice du cabinet AMP Avocats, spécialisé dans l’ESS

Les entreprises à impact veulent porter une voix commune : qu’en pensez-vous ?

Le premier mot qui me vient à l’esprit, c’est “enfin”. Ces universités d’été de l’économie de demain (UEED) ont enfin regroupé les entreprises de l’économie sociale et solidaire, les entreprises à impact, les B-Corp, les entreprises à mission, les associations… C’est une très belle initiative, j’en suis ravie. Car trop souvent, les structures du secteur travaillent dans leur coin : je vois par exemple une dizaine de groupes de travail différents sur la mesure d’impact… Mais tout reste encore à faire. J’ai hâte de voir des actions concrètes, comme des plaidoyers pour convaincre les pouvoirs publics de changer les lois et le comportement des entreprises.

Quels écueils pressentez-vous devant cette dynamique ? Celle des différences statutaires ?

Tout est question de volonté et d’objectif, le statut ne fait pas la vertu. On peut avancer ensemble dans la même direction et reconnaître ce qui nous rassemble, en dépit de nos différences. Dans un arc-en-ciel, il y a plein de couleurs, c’est ce qui en fait la beauté. Aujourd’hui, tout l’écosystème de l’économie sociale et solidaire doit travailler ensemble pour voir ses blocages et mieux les dépasser. Cela vaut pour les acteurs du financement, les accélérateurs, les incubateurs, les pouvoirs publics. Et les experts comme nous, les avocats spécialisés ou les experts-comptables, qui observent des blocages que d’autres ne voient pas : il faut nous inclure en amont, dès la préparation des changements de lois par exemple.

Vous avez un regard international sur ces questions d’impact, la France est-elle pionnière ?

Les Etats-Unis sont en avance sur la mesure d’impact, pas sur l’économie sociale et solidaire. Le Royaume-Uni est en avance sur les investissements à impact, sur les contrats à impact social ou sur les « benefit companies ». L’Italie aussi. Mais dans ces pays, c’est en général une personne, un député, ou un petit groupe de personnes qui avance sur ces sujets. En France, nous sommes beaucoup plus en avance sur la façon de travailler ensemble : nous avons des discussions, des débats avec les pouvoirs publics, des participations citoyennes. Mais la France sera vraiment pionnière quand la Loi Pacte et les entreprises à mission entreront dans le vif du sujet. Nous avons un fort potentiel, mais je suis dubitative : tout va dépendre des décrets d’application. Permettront-ils de comparer les entreprises, d’éviter le « social washing », d’empêcher la création de coquilles vides ? Pour être pionnière, la France doit être dans l’excellence.

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