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Assurément, tout le monde s’emballe pour la mesure d’impact. Ici, l’Impact Score lancé par le Mouvement Impact France. Là-bas, la plateforme ValorESS proposée par l’Union des employeurs de l’économie sociale (UDES). Voilà dix ans déjà, l’ESSEC importait en France la méthode du Social Return On Investment (SROI). Certes, quand les financeurs s’intéressent à l’impact social ou environnemental de leurs investissements, mieux vaut disposer des bons indicateurs. Mais pourquoi donc le gouvernement français se lance-t-il à son tour dans l’aventure, avec sa propre plateforme sous une bannière ultra-officielle : “impact.gouv.fr” ?

Olivia Grégoire s’en explique à Mediatico : “En 2024, selon une directive européenne, toutes les entreprises de plus de 250 salariés auront l’obligation de publier leurs données sociales, environnementales et de bonne gouvernance, les fameux critères ESG”, explique la Secrétaire d’État à l’Économie sociale, solidaire et responsable. Et si la France est en avance en la matière, l’Europe, mais aussi les Etats-Unis et d’autres pays travaillent sur cette mesure d’impact. Or, les indicateurs qui seront retenus pour la définir doivent “refléter notre modèle économique, écologique et social, c’est une question de souveraineté : on ne peut pas envisager que les Etats-Unis dictent à l’Europe et à la France leur modèle de société”.

Pour qui douterait de l’enjeu, rappelons que l’Europe a renoncé à ses normes comptables en 2005, acceptant trop vite et naïvement d’utiliser les normes IFRS américaines, aujourd’hui à l’oeuvre dans l’ensemble des systèmes comptables des TPE, des PME, des grandes entreprises, voire des collectivités locales et même de l’Etat, validant ainsi jusqu’à aujourd’hui une grille de lecture du monde largement sous influence néo-libérale.

Le gouvernement français entend donc être à la manoeuvre, plus que jamais. Et “plutôt que d’attendre 2024, j’ai voulu aider les entreprises françaises à se préparer : “Impact.gouv.fr”, c’est un centre d’entraînement, une démarche purement volontaire, que l’on soit bon ou mauvais, qui permet de trouver des ressources d’autres entreprises, où chacun peut faire savoir ce qu’il fait : c’est un véritable club de la performance extra-financière”, explique Olivia Grégoire. Au total, la plateforme du gouvernement permet de s’exercer sur 47 indicateurs : le bilan carbone de l’entreprise, l’insertion des personnes handicapées, le nombre d’apprentis, l’inclusion des jeunes…

Pourquoi réinventer la mesure d’impact, quand ValorESS ou l’Impact Score existent déjà ? “Je remercie les associations d’avoir été des ouvreurs de chemin sur l’impact et les critères ESG”, poursuit Olivia Grégoire. “Elles sont légitimes et très inspirantes, mais elles n’ont pas la puissance de frappe de l’Etat. Or, la puissance publique souhaite massifier la démarche et la placer directement au niveau européen, pour aller plus vite et servir la cause de l’impact”.

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