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Chouette, c’est le printemps ! Encore un peu frisquet le matin, mais déjà doux l’après-midi. Juste ce qu’il faut pour se remonter le moral, en attendant la réouverture des terrasses de cafés. Comme en Italie ! Ah, quels veinards ces Italiens. Ils ont rouvert leurs terrasses hier. Pareil chez les Anglais, qui trinquent à nouveau à l’extérieur des pubs depuis deux semaines. Et comme en Suisse aussi. Ou comme aux Pays-Bas, en Suède, au Danemark, au Portugal, en Espagne… Dites-donc, le printemps n’aurait-il pas un peu de retard en France ?

C’est bien ce qu’on avait compris : oui, la France est en retard sur le climat. Regardez le projet de loi Climat et Résilience. Peu ambitieux, disent les plus tendres. Symbole du crash de la politique climatique de la France, disent les plus durs. Mais aussi trahison du processus démocratique de la Convention Citoyenne pour le Climat et de ses 149 propositions, pour la plupart. Une histoire de mépris et une loi déjà obsolète, affirme aussi Greenpeace. Un texte qui fait l’impasse sur la responsabilité des multinationales, dénonce encore Cécile Duflot chez Oxfam… Samedi 8 mai, l’examen des 69 articles du projet de loi débutera au Sénat. Qui ne devrait pas y changer grand-chose. Le lendemain, plusieurs collectifs appellent à manifester lors de « la marche d’après », contre une loi vidée de sa substance et de ses ambitions initiales.

Pourtant, le délit d’écocide a été adopté. Certes, mais pourquoi la destruction intentionnelle de l’environnement n’est-elle pas considérée comme un crime, au lieu d’être un délit ? Le meurtre, et donc le parricide, le féminicide, l’infanticide… sont passibles de plus de 15 ans de prison. Pas l’écocide !? Autre mesure controversée, parmi d’autres : la fin des vols intérieurs en avion, lorsqu’il existe une alternative en moins de 2h30 par le train. Petits joueurs, les députés : la Convention Citoyenne pour le Climat demandait 4h. Mais les circonscriptions électorales semblent parfois si lointaines à nos parlementaires. Alors quoi ?

Alors, l’ambition a changé de camp. Elle est de retour outre-Atlantique, où Joe Biden, à peine élu, réintègre l’Accord de Paris de 2015, organise un sommet international sur le climat la semaine dernière avec 40 chefs d’État dont la Chine et la Russie, et annonce lors de la Journée de la Terre son objectif de réduire de 50% les émissions américaines de gaz à effet de serre d’ici à 2030, malgré le climato-scepticisme des Américains. En France, pays initiateur de l’Accord de Paris, notre magnifique projet de loi Climat et Résilience ne vise que 40% de réduction à la même échéance.

Quelle empreinte climatique Emmanuel Macron laissera-t-il derrière lui ? Dans le combat de la France pour la résilience et pour un monde plus durable, sa balance penche pour l’heure bien davantage vers les renoncements que vers les opportunités saisies. Le 1er janvier prochain, il prendra la présidence tournante de l’Union européenne pour une durée de six mois. Encore une opportunité, particulièrement rare. Il sera le chef de l’Europe, en pleine campagne présidentielle dans l’Hexagone. Qu’en fera-t-il ? Les électeurs jugeront.

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