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Virage stratégique majeur au Mouvement Impact France, avec la candidature mardi dernier d’un nouveau tandem à la co-présidence du Mouvement pour succéder à Eva Sadoun (Lita, Rift) et Jean Moreau (Phénix), dont le mandat de trois ans s’achèvera lors de la prochaine assemblée générale du 24 mai. A priori, aucune surprise en vue. Pas de bataille des chefs, pas courant dissident, pas d’autre liste déposée : ce n’est pas le genre de la maison. Il n’a déjà pas été facile de trouver des candidat.e.s de valeur, volontaires et disponibles… Le prochain tandem déclaré sera donc constitué de (roulement de tambour) Pascal Demurger et Julia Faure. Bravo !

Pascal Demurger, directeur général de la Maif, « l’assureur militant » comme dit la pub à la télé, premier assureur du monde associatif en France, acteur historique de l’économie sociale et solidaire puisque la Maif est l’ancienne Mutuelle d’Assurance des Instituteurs de France, très bon connaisseur aussi des questions d’impact avec sa qualité d’entreprise à mission, avec le fonds d’investissement Maif Impact, ou encore avec la reprise l’an dernier de l’enseigne d’ameublement engagée Camif dirigée par Emery Jacquillat… Oui, Pascal Demurger, dont nous avions dressé le portrait dans cette vidéo, est assurément un très bon candidat.

Julia Faure, fondatrice de l’enseigne de vêtements responsables Loom, entrepreneuse militante de la cause climatique et de la cause féministe, applaudie largement à chaque prise de parole publique lorsqu’elle dénonce les dégâts de la chaîne de valeur textile sur les êtres humains et les écosystèmes, aussi prompte à raconter le drame du Rana Plazza qu’à s’énerver contre Amazon ou H&M, et que Mediatico avait également invitée pour une émission spéciale à revoir ici… Oui, Julia Faure, qui m’avait d’abord dit « Oh non, je n’irai pas »… finalement, la voilà candidate à la co-présidence d’Impact France. Et je m’en réjouis !

L’entrepreneuriat social, l’ADN d’Impact France

Le tandem Faure/Demurger, c’est d’abord une double parité : un binôme femme-homme d’une part, traditionnel désormais au sein du Mouvement (même si rien n’est jamais acquis). C’est aussi un binôme entrepreneuse-grande entreprise d’autre part, particulièrement intéressant, car l’entrepreneuriat est dans l’ADN du Mouvement : Impact France s’appelait jadis le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), co-fondé et présidé à ses débuts par Jean-Marc Borello (Groupe SOS). Les co-présidents sortants, Eva Sadoun et Jean Moreau, eux-mêmes entrepreneurs, ont porté le même flambeau. C’eût été moins le cas d’un Pascal Demurger seul, mais Julia Faure incarnera à son tour la flamme de l’entrepreneuriat.

Pour autant, la future co-présidence ne s’inscrira pas dans la continuité. Lors de son élection voilà trois ans, Eva Sadoun assumait vouloir « concurrencer le Medef » et rallier au sein d’Impact France les nombreux dirigeants d’entreprises conscients des enjeux sociaux et environnementaux mais déçus du Medef. Trois ans plus tard, le Mouvement, qui disait lors des dernières Universités de l’économie de Demain (UED) représenter 15.000 entreprises, reconnaît aujourd’hui compter 1.600 adhérents formels. L’humilité ramène à la raison : Pascal Demurger assure tout en diplomatie qu’il n’est pas question de concurrencer le Medef. Mieux vaut jouer la complémentarité des voix d’entrepreneurs.

Surtout, la stratégie du tandem Demurger/Faure suscite de sérieux remous dans le milieu de l’économie sociale et solidaire, comme en témoigne ce fil de discussion sur LinkedIn. Car le Mouvement Impact France (MIF) représente la branche de l’entrepreneuriat social au sein d’ESS France, conformément à la loi ESS de 2014. Or, le futur nouveau tandem a exprimé sa volonté d’élargir le conseil d’administration d’Impact France à de grandes entreprises plus traditionnelles (lire la Lettre A) : SNCF, KPMG France, Doctolib, L’Occitane, Nature & Découverte, entre autres. « Des entreprises qui n’étaient pas présentes encore [dans le Mouvement, ndlr], de plus grande taille et en même temps irréprochables sur le niveau et la réalité de leur engagement », explique Pascal Demurger. Des sociétés à mission, c’est sûr. En quête d’impact, c’est certain. Irréprochables, c’est à voir. Mais porteuses des valeurs de l’économie sociale et solidaire, certes non.

Une envolée de critiques

« L’énergie incroyable que nous avons mise à créer ce mouvement inédit doit aujourd’hui servir à représenter ceux et celles qui l’ont pensé et créé il y a 13 ans, pas à devenir la vitrine médiatique d’acteurs qui ont besoin de justifier par des preuves leur engagement sociétal », dénonce Julie Schwartz, fondatrice d’Econovia. Les acteurs de l’ESS sont confrontés « à la crise écologique et à un contexte politique qui nous demande de la clarté dans l’expression de ce que nous sommes », souligne Bastien Sibille, président des Licoornes et de Mobicoop, insistant sur la nécessité de défendre les valeurs de justice écologique, de solidarité et de gouvernance déconnectée de la logique du capital.

« Le patron de la SNCF arrive sans crier gare », ironise Emmanuel de Lutzel, vice-président chez Habitat et Humanisme. « Difficile de comprendre la cohérence, je rappelle qu’une entreprise ferroviaire de l’ESS existe : Railcoop ! », renchérit Alexandra Debaisieux, directrice générale déléguée de Railcoop, pour qui « le mouvement impact France est en train de se perdre complètement ». Fondateur de Koeo, Jean-Michel Pasquier ne dit pas autre chose : « J’ai été adhérent du Mouves de la première heure, dès 2010, et j’avoue que l’identité n’est plus celle que j’attends ».

« En quoi le fait qu’il existe une organisation comme le MIF qui associe plusieurs mondes est-il un problème ? Seul, on avance plus vite, ensemble on va plus loin », rétorque Philippe Zaouati, PDG de Mirova. Mais KPMG a « autant d’antennes en Suisse que de joueurs d’une équipe de foot », relève pour sa part Mathieu Castaings, fondateur de Finacoop et adhérent du MIF, « comment imaginer une seconde intégrer KPMG France, appartenant au groupe KMPG, artisan historique de l’évasion fiscale à l’échelle internationale ? »

La fracture idéologique

Mais, de son côté, Impact France n’a pas de raison de changer d’orientation. Sa ligne stratégique actuelle s’inscrit dans la continuité de son changement de nom, de sa volonté de rallier toujours plus d’entreprises pour avoir plus d’impact, d’encourager la création d’un « impact score » public qui mettrait à jour le greenwashing en notant les entreprises sur leurs impacts sociaux et environnementaux, ou encore de prôner la création de champions tricolores, des « licornes à impact » comme le disait encore récemment Caroline Neyron, directrice générale d’Impact France (lire ici).

La fracture idéologique est nette. Ira-t-on jusqu’à la rupture ? Presque dix ans après le vote de la Loi Hamon de 2014, qui avait fait de l’entrepreneuriat social la 5e famille de l’ESS après les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations, les questionnements de l’époque ressurgissent avec force, comme si la poussière avait juste été cachée sous le tapis.

Jérôme Saddier, président d’ESS France et du Crédit Coopératif, l’affirme : « Au moment où, dans le cadre de l’évaluation de la loi de 2014 [par la Secrétaire d’État Marlène Schiappa, ndlr], le débat est relancé par certains tenants de « l’impact first » pour qualifier l’ESS, je proposerai au contraire à ESS France d’agencer plus que jamais nos principes de gestion non lucrative et démocratique, notre utilité sociale et environnementale, et la nécessité (renforcée) d’en rendre compte de façon transparente. Avec ces principes, nous serons clairement plus modernes que l’attelage proposé par ce « new MIF », mais il conviendra pour cela de changer notre organisation collective ».

Le Mouvement Impact France est-il à deux doigts d’être exclu d’ESS France ? La liste de nouveaux administrateurs du MIF sera-t-elle modifiée d’ici l’assemblée générale ? Dans les rangs de l’économie sociale et solidaire, d’aucuns soulignent l’inutilité des querelles de famille et appellent à la diplomatie. Pascal Demurger et Jérôme Saddier en ont le savoir-faire, assurément. L’assemblée générale aura lieu dans six semaines.


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