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C’est l’effet boule de neige. Après sept semaines de confinement, l’activité économique de la France tourne au ralenti, la croissance s’effondre et le chômage s’envole, la dette publique va exploser. Faut-il s’en inquiéter ? Pas nécessairement. Car, étrangement, nombre d’économistes plaident actuellement pour le principe d’une « dette perpétuelle » qui n’aurait pas besoin d’être remboursée. Tiens donc, c’est possible ça ? Contrairement à la crise financière de 2008-2011, il est imaginable cette fois-ci de ne pas rembourser nos dettes ? Voyons donc cela de plus près.

Depuis mi-mars, le gouvernement a imposé la fermeture de nombre d’entreprises. Beaucoup d’autres ont vu leurs commandes fondre comme neige au soleil. Résultat : près de 12 millions de salariés sont au chômage partiel, annonçait hier la ministre du Travail. Pour les caisses de l’Etat et de l’Unédic, leur indemnisation représente 26 milliards d’euros de dépenses, en l’espace de deux mois. Du jamais vu… et ce n’est pas fini !

Du côté des entreprises, 30% d’entre elles auraient déjà dû mettre la clé sous la porte, nous déclarait la semaine dernière Patrick Artus, économiste chez Natixis. Mais elles ont demandé à bénéficier du Prêt Garanti par l’Etat (PGE), à hauteur de 25% de leur chiffre d’affaires 2019. L’Etat s’est en effet engagé à mobiliser 300 milliards d’euros, notamment sous forme de garanties qu’il ne sera pas nécessaire de débourser, afin d’éviter un krach économique et industriel sans précédent. Les plus grosses entreprises ne sont pas en reste. Elles frappent directement à la porte de Bercy : Air France pour 7 Md€, Renault pour 5 Md€, la SNCF pour 2 Md€…

Une dette de plus de 115% du PIB

Compte tenu de l’effort financier colossal que suppose le soutien à notre économie, les différents dispositifs sont bien entendu financés par l’emprunt. Le budget de l’Etat sera donc fortement déficitaire fin 2020 : le déficit public devrait dépasser 10%, tandis que la dette publique (soit l’ensemble de nos déficits accumulés année après année) sera sans doute supérieure à 115% du PIB.

Incroyable ! Rappelons-nous seulement que feu le Traité de Maastricht exigeait que ces deux indicateurs se cantonnent respectivement à 3% et 60% du PIB, que l’Allemagne a tant cherché à nous y contraindre, que la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Islande… ont vécu, voilà dix ans à peine, une cure d’austérité noire pour respecter ces critères, provoquant des dégâts sociaux considérables. Ou encore que la Troïka, qui regroupait le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, ont à cette époque placé leurs hommes au sommet du pouvoir dans plusieurs démocraties d’Europe, sans recourir aux élections, pour imposer ces règles.

Aujourd’hui, donc, nous découvrons qu’il serait possible de ne pas rembourser ces dettes !? C’est ce qu’affirme Patrick Artus, qui est tout sauf un économiste d’extrême-gauche. Il rappelle dans un podcast de l’Unédic que les banques centrales appartiennent aux Etats, à qui elles reversent leurs produits. Donc si l’Etat emprunte et verse des intérêts à sa banque centrale, qui les lui rendra, cette dette devient gratuite. C’est aussi ce que confirme Eric Heyer, économiste à l’OFCE : pour lui, si la dette publique liée au coronavirus est prise en charge par la BCE et si celle-ci la conserve dans son bilan, nous aurons à faire à une « dette perpétuelle » que n’aurons pas besoin de rembourser. Ce dispositif porte même un nom : « La perpétuité zéro coupon, c’est une invention de Staline », s’amuse Patrick Artus.

Mais qui remboursera ?

Un risque majeur existe, pourtant. Mais il n’apparaît qu’à un seul instant : lorsque l’on décide de vendre cette dette au secteur privé. C’est-à-dire aux investisseurs qui spéculent sur les marchés financiers. Eux peuvent s’inquiéter de la solvabilité de l’Etat et exiger des intérêts plus élevés. Le message est donc clair : pour être tranquille, la dette publique héritée du coronavirus ne doit pas être vendue aux investisseurs privés. Elle doit être conservée dans le bilan des banques centrales. Dans « Les Echos », même Jacques Attali en convient. A ses yeux, plus question de faire rembourser ces dettes par les ménages, ou par l’ISF, ou par l’inflation, ou par la spoliation ou par une bonne guerre.

Dès lors, se pose légitimement la question des autres dettes, celles qui sont antérieures au coronavirus. Celle de la Sécurité sociale, par exemple. Ou celles des collectivités locales. Il est trop tard, hélas. Ces dettes-là sont déjà achetées, vendues et revendues sur les marchés financiers.

Qu’à cela ne tienne, posons donc la question des dettes à venir après le coronavirus. Les prochains plans de relance économique en Europe ? Faisons-les porter exclusivement par la BCE, disent aujourd’hui certains économistes. La dette des pays africains qu’Emmanuel Macron tente – difficilement – de faire approuver ? Pourquoi ne pas la faire porter par la Banque Mondiale ?

Les dogmes du monde néo-libéral ont-ils vraiment volé en éclat ?

Qu’en sera-t-il demain du plan de redressement de l’hôpital ? Du plan de sauvetage du système de santé ? Du financement de la dépendance ? De nos investissements dans l’éducation ? Du plan de lutte contre l’extrême pauvreté ? D’un programme de logement pour tous ? Du financement d’un revenu de base ? De la rénovation énergétique des bâtiments ? Du plan climat et de la transition écologique ?

Chez les Économistes Atterrés, Henri Sterdyniak vient doucher les rêves chimériques et rappelle qu’il n’existe pas d’argent magique. Mais sa consoeur Anne Eydoux, au sein du même collectif, écrit pour sa part que « l’impossible redevient pensable » et suggère de déconfiner nos idéologies. Dans une tribune au « Monde », enfin, l’économiste Daniel Cohen et le banquier Nicolas Théry estiment que le « monde néo-libéral » a volé en éclat, suggérant à leur tour de « financer la crise et les investissements climatiques avec une dette de très longue durée, à 50 ou 100 ans, voire perpétuelle ». Décidément !

Les recettes honnies jadis semblent pouvoir devenir crédibles dans le monde d’aujourd’hui. Foin de l’orthodoxie budgétaire, qu’on vous dit ! Mais le monde néo-libéral a-t-il seulement véritablement volé en éclat ? Du fait d’un aussi petit virus ? Cela reste à voir.

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