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Le rouble russe a perdu 15% de sa valeur en une semaine, 25% en un mois, près de 50% en un an. Certains s’en félicitent. Ils y voient la punition méritée d’un Vladimir Poutine belligérant sur le sol européen. Pourtant, impossible d’applaudir.

D’abord, parce que les conséquences de l’affaiblissement de l’économie russe sont douloureuses pour la population : les prix des produits importés s’envolent et les étiquettes en devises étrangères réapparaissent dans les magasins. Ensuite, parce que Poutine ne laissera pas faire impunément : des mesures de rétorsion sur le gaz livré à l’Europe ou une fuite en avant militaire en Ukraine ne sont pas à exclure. Enfin, parce que les causes de cet effondrement monétaire relèvent, une nouvelle fois, de la pure spéculation financière.

En effet, si le rouble plonge aussi vite, ce n’est pas juste à cause de la chute des cours du pétrole qui affaiblit les perspectives de l’économie russe, ni à cause des sanctions occidentales mises en place voilà plusieurs mois en réaction à la crise ukrainienne. Techniquement, c’est d’abord parce que les « marchés financiers » vendent du rouble pour acheter autre chose. Ces marchés financiers ont un nom, un visage.

Ce sont des hommes et des femmes qui peuvent s’appeler Warren Buffet, travailler pour une grande banque française, ou servir les intérêts de la Réserve Fédérale américaine. Ils doivent faire fructifier nos futures pensions de retraite, nos primes d’assurance, ou les réserves de change des banques centrales. Leur stratégie peut être moutonnière, ou relever de la spéculation à court terme. Ne soyons pas dupes. Ils peuvent aussi être en sous-main les acteurs d’une volonté politique qui voudrait faire plier Poutine, en Ukraine ou ailleurs.

Quelles que soient les stratégies financières déployées, elles sont irresponsables. Elles sont toutes dangereuses et aucune ne répond aux enjeux véritables du XXIe siècle, que sont, principalement, le défi climatique et le défi démocratique.

Il est urgent, aujourd’hui, de pousser les financiers à changer de regard. Avant d’être un outil d’influence, la finance doit investir dans une économie durable. Avant d’être une arme, la finance doit se mettre au service du progrès humain.

Frédéric VUILLOD, pour MEDIATICO.

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