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Drôle de campagne présidentielle, où l’emploi n’inspire même plus les candidats ! La gauche défend comme toujours la réduction du temps de travail, au risque de la surenchère : 35h ici, 32h par-là, 28h là-bas… La droite, elle, prône invariablement le « travailler plus pour gagner plus », si cher jadis à Nicolas Sarkozy, mais qui n’a rien changé au fond. Quant à l’extrême droite, elle ne fait de propositions ni précises, ni sérieuses, ni chiffrées.

Alors que dire aux habitants des Hauts-de-France, où 36.000 chefs d’entreprise vont partir à la retraite d’ici cinq ans, sans perspective de reprise d’activité et de garantie d’emploi pour leurs 110.000 salariés, selon le journal 20 Minutes ? Que dire aux jeunes qui se détournent des bureaux de vote, mais dont 83% attendent des candidats des propositions pour accéder plus facilement à l’emploi, selon ce sondage L’Étudiant/Harris Interactive ? Pourquoi l’emploi est-il aux abonnés absents de la campagne, interroge Le Parisien ? Renoncement ? Panne d’idées ? Effet passager d’une meilleure conjoncture ?

Des créations d’emploi plus rapides que la croissance

Il est vrai que près de 650.000 emplois salariés ont été créés dans le secteur privé en 2021, un fort rebond après une année marquée par le Covid-19, indiquait l’INSEE vendredi. Grâce à une croissance hors-normes de près de 7% l’an dernier, voilà qui ramène les créations d’emploi à leur plus haut niveau depuis près de 20 ans, assure Le Monde. Mais cette bonne nouvelle touche tous les secteurs d’activité, sauf l’industrie qui continue de reculer. Une bonne nouvelle en demi-teinte pour nos territoires, donc. Et les créations de postes étant plus rapides que la croissance économique, la France perd en productivité, ajoute l’économiste Éric Heyer, dans le journal La Croix. L’effet conjoncturel va s’estomper. Les créations d’emploi vont rapidement ralentir. Nos candidats ne l’ont visiblement pas perçu.

L’économie sociale et solidaire, elle aussi, confirme cet effet « rattrapage ». L’Observatoire national de l’ESS, qui vient de publier les chiffres de l’emploi dans l’ESS pour le deuxième trimestre 2021, évoque la création nette de 95.800 emplois fin juin 2021. « La hausse de l’emploi compense largement les pertes observées en juin 2020, à l’issue du premier confinement », se félicite ESS France.

L’économie solidaire plus résiliente que l’économie classique

Le rattrapage dans l’ESS est notable dans les secteurs frappés par les fermetures d’activité durant la pandémie, comme les sports et loisirs (+15,3 %, soit +14.060 emplois), les arts et spectacles (+26%, soit +8.190), mais aussi dans le sanitaire et social (+3,1%, soit +21.600). Par type de structure, les chiffres sont aussi particulièrement bons dans les associations (+5,3%, soit +87.600 postes) et dans les fondations (+2,9%, +3.100 postes). Globalement, la progression de 4,7% de l’emploi est aussi nettement supérieure aux +3,9% affichés par l’économie classique, ce qui confirme une nouvelle fois la forte capacité de résilience de l’économie sociale et solidaire.

Avis aux candidats : l’ESS est une réponse crédible aux tensions du marché de l’emploi, qui reviendront sans tarder. Non seulement parce que les associations minimisent leurs coûts grâce à une gestion bénévole, qu’elles s’ajustent aux crises avec des contrats saisonniers, ou qu’elles obtiennent des financements publics en contrepartie des services rendus sur un territoire. Mais aussi parce que nombre d’acteurs de l’ESS interviennent en appui au service public de l’emploi : ils proposent des solutions de mobilité inclusive (Réseau Agil’ess), de recrutement dans la diversité (Mozaïk RH), des formations pour les femmes des quartiers populaires (DesCodeuses), des expériences inspirantes pour qui souhaite changer de carrière (On Purpose)…

Les candidats feraient bien d’entrer dans le vif du sujet

Sans compter que, sur les territoires, nombre d’initiatives porteuses de politiques publiques sont appuyées ou mises en œuvre par les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Ainsi, l’expérimentation Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée (association TZCLD), est enfin en voie d’extension sur 50 nouveaux territoires. Pour sa part, pas plus tard qu’hier, l’Union des employeurs de l’Économie sociale et solidaire (UDES) décidait avec cinq autres acteurs de faciliter le recrutement dans les entreprises sociales et solidaires en Bourgogne-Franche-Comté, où 102.500 personnes sont en recherche d’emploi depuis plus d’un an, alors que 1.500 postes sont vacants dans l’économie sociale et solidaire.

Face au défi de l’emploi, l’économie sociale et solidaire innove, structure, sécurise les contrats, apporte protection et s’appuie sur des dynamiques collectives, rappelle le Labo de l’ESS. Oui, l’ESS offre des solutions, transforme l’emploi et redonne du sens au travail. A deux mois de l’élection présidentielle, les candidats feraient bien d’entrer dans le vif du sujet. Au lieu d’occulter le débat.

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