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Quel « héritage » les Jeux Olympiques de Paris 2024 laisseront-ils dans le paysage français, tant sur le plan sportif, que social ou environnemental ? Président de la Fédération française de badminton, Yohan Penel est venu dans nos locaux pour tenter de répondre à cette question. Début de réponse : durant quatre ans à la tête de sa fédération, il a œuvré pour rendre le badminton plus inclusif et accessible à tous. Mais il y a rencontré de nombreuses résistances.

De prime abord, Yohan Penel évoque avec émotion l’engagement des athlètes et la ferveur du public : « C’est avant tout l’image d’un collectif, d’une union autour des valeurs sportives. Ces Jeux ont été l’occasion de mettre en lumière des disciplines moins médiatisées, comme le badminton, et de créer un véritable engouement populaire autour du sport pour tous. »

Et si la France n’a pas remporté de médailles en badminton aux Jeux Olympiques, les para-athlètes ont su briller. Yohan Penel reconnaît que le manque de récompenses peut être décevant pour certains, mais il rappelle que l’objectif de sa fédération allait bien au-delà de la simple quête de médailles : « Les Jeux, c’est un patriotisme exacerbé. Pour autant, ça serait dommage de réduire les Jeux à ça. La vraie victoire réside dans l’impact que nous avons sur les jeunes, sur les quartiers, et dans les clubs locaux. »

Un héritage social et sportif à construire

Pour Yohan Penel, l’héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024 ne se mesurera pas uniquement en termes de performances sportives, mais aussi à travers des changements tangibles dans la société. « L’héritage que nous espérons, c’est celui d’une pratique sportive plus accessible, plus inclusive. Nous voulons que les petits clubs dans les quartiers voient arriver plus de jeunes, plus de diversité, plus d’engagement. Les Jeux doivent laisser une empreinte durable dans les mentalités, en encourageant l’égalité et l’inclusion par le sport. »

Penel insiste sur les trois dimensions du sport : « Le sport de compétition qui est très visible, le Ludo sport à finalité exclusivement ludique, et le socio sport, où la finalité n’est pas de pratiquer pour la performance mais d’atteindre d’autres objectifs, comme l’insertion professionnelle ou sociale. »

Il détaille ainsi comment le badminton est utilisé comme outil d’intégration : « On organise des ‘job dating’ où les recruteurs détectent les savoir-être des participants sur un terrain de badminton, sans qu’il y ait d’opposition. De la même manière, nous intervenons pour l’insertion sociale des réfugiés, des SDF, pour les enfants malades dans les hôpitaux, dans les prisons, ou encore pour prolonger l’autonomie des personnes âgées dans les EHPAD », explique-t-il.

Le sport, vecteur de cohésion sociale et d’engagement écologique

Pour Yohan Penel, au-delà des Jeux, le sport peut surtout – et doit – jouer un rôle central dans la reconstruction du tissu social en France. « L’intérêt collectif aujourd’hui, c’est de ressouder la société française, et dans beaucoup de villes, le club sportif est souvent le dernier lieu de vivre-ensemble. Qu’est-ce que le sport peut apporter à un enfant dans son parcours de citoyen ? », interroge-t-il.

Dans cette interview, Yohan Penel met aussi en avant les efforts de la Fédération française de badminton pour réduire son impact environnemental, notamment en développant des alternatives durables aux volants en plumes naturelles, en provenance de Chine et dont la durée de vie se limite parfois à 30 secondes de jeu ! « Le badminton, comme tous les sports, doit se réinventer pour répondre aux défis écologiques actuels. C’est pourquoi nous travaillons sur des matériaux de substitution et encourageons des pratiques respectueuses de l’environnement. »

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