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Par Anne-Sophie NOVEL,
Journaliste-auteure
(« Même pas mal », sur LeMonde.fr)

Achat ou vente d’occasion, covoiturage, auto-partage, location entre particuliers, circuits courts… La consommation collaborative serait, selon les plus sceptiques, un effet de mode et un marché de niche. Erreur ! L’économie du partage est en train de devenir un nouveau paradigme économique.

Les travaux menés conjointement par la Fondation Internet Nouvelle Generation et le collectif OuiShare, révélés mardi 3 mars 2015, le montrent clairement.

 

Première étape de leur réflexion : définir le périmètre d’une nébuleuse qui paraît parfois un peu “fourre-tout”. Enrichissant l’approche proposée en 2009 par la spécialiste du secteur Rachel Botsman (qui distingue les logiques de redistribution des ressources entre individus, des logiques d’usage ou de modes de vie collaboratifs), l’étude propose d’ajouter des services négligés par la littérature anglo-saxonne (les services locaux coopératifs, aux valeurs souvent proches de l’économie sociale et solidaire) et de faire apparaître des services “à la demande” (dont la nature s’éloigne de la notion de partage à proprement parler).

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(source : OuiShare / FING)

 

Une enquête menée sur Internet s’est ensuite penchée sur le profil des adeptes de ces modes de consommation. Au total, 2150 répondants interrogés via les partenaires de l’enquête et les plateformes collaboratives ont pu témoigner de leurs habitudes et perceptions de ces nouveaux services. Le panel n’est donc pas représentatif de l’ensemble des Français, avec une sur-représentation des cadres supérieurs (50 % contre 16,6 % d’employés et 10 % d’étudiants), des ménages plutôt aisés, installés majoritairement dans des villes de plus de 20 000 habitants, plutôt féminin et connecté.

 

L’achat/revente d’occasion et le don ont d’ores et déjà été pratiqués par plus de 8 répondants sur 10 et près de la moitié d’entre eux pratique le covoiturage et l’hébergement chez l’habitant. Un tiers s’approvisionne auprès d’une AMAP ou via une plateforme comme La Ruche qui dit Oui et 28 % sont adeptes de l’autopartage (type Citiz ou Autolib) ou du partage de vélo. Mais seuls 20 % d’entre eux apprécient l’échange de services entre particuliers, une proportion qui tombe à 11 % pour la location de voiture à d’autres particuliers.

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(source : OuiShare / FING)

 

La plupart sont motivés par des raisons économiques, même si la recherche de sens et les aspects pratiques sont aussi en bonne place. Une chose est sûre : la moitié des répondants estime que ces usages vont devenir aussi importants que l’économie traditionnelle. De quoi garantir leur taux d’adhésion au concept, d’autant que les mauvaises expériences sont loin de stopper l’adoption de ces nouveaux modes de vie et que ceux qui ne s’y engagent pas le font plus pour des raisons de temps passé à trouver ce qu’ils cherchent que par peur de ne plus être propriétaire d’un bien.

 

Cette jeune économie peut aller encore plus loin disent Ouishare et la Fing : “insertion sociale, rapport à l’emploi, engagement sociétal, mais également rôle des collectivités et des territoires sont autant d’aspects qui peuvent évoluer”, ont-ils souligné lors de la présentation des résultats.

 

Si l’on intègre les fablabs, les espaces de coworking et le crowdfunding, ce sont toutes les fonctions du système économique qui sont impactées : production, distribution, consommation, financements. Avec des enjeux majeurs en termes d’emplois, de dynamiques territoriales et d’innovation sociale ou numérique.

 

Sans aucun doute, ces pratiques collaboratives s’apparentent à un nouveau paradigme économique. S’il est important d’intégrer ces nouveaux usages dans les circuits économiques traditionnels, il est tout aussi crucial que l’économie collaborative mette sa logique au service du bien commun !

 

Anne-Sophie NOVEL, pour MEDIATICO
(Retrouvez l’article initial d’Anne-Sophie Novel, sur LeMonde.fr)

 

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