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Moins de 100 jours. 95 jours exactement avant le coup d’envoi de nos Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, qui font décidément couler beaucoup d’encre ! Sera-t-on prêt ? Sera-t-on là ? Sera-t-on médaillé ? Ou serré comme des sardines dans les transports en commun entre le 26 juillet et le 11 août ? 

« Bien sûr que nous serons prêts », assurait Elisa Yavchitz voilà déjà deux mois sur Mediatico (revoir son interview). Directrice générale de l’association Les Canaux, elle mobilise depuis cinq ans, avec le programme « ESS 2024 », les structures de l’économie sociale et solidaire, pour qu’elles accèdent aux marchés publics et privés des JOP. Et voilà donc qu’Elisa Yavchitz accueille, le 10 avril dernier, la ministre Olivia Grégoire à l’Île-Saint-Denis, l’invitant à échanger avec quatre entreprises solidaires et circulaires locales, toutes lauréates d’un marché des JOP (lire l’article).

Selon Olivia Grégoire, ce sont 500 structures de l’économie sociale, solidaire, circulaire et locale qui ont remporté 25% des marchés proposés dans la construction, la restauration, le mobilier, la blanchisserie, le paysagisme, le conseil, les services généraux… Certes, toutes les entreprises « locales » ne relèvent pas exactement de l’ESS. Mais valoriser les petits acteurs locaux compte évidemment beaucoup aussi pour les acteurs de l’ESS, tout autant que valoriser les modèles économiques circulaires ou tournés vers l’insertion par l’activité économique.

La promesse de Jeux écologiques

Et voici que Paris 2024 dévoile sa stratégie économie circulaire (lire ici). Cocorico d’abord, car grâce à l’éco-conception, le budget carbone des JOP de Paris est deux fois moins élevés que ceux de Rio ou de Londres : il s’établit à 1,5 million de tonnes d’équivalent CO2, attesté par l’ONG Carbon Market Watch. Cocorico aussi sur la construction, puisque 95% des infrastructures existent déjà ou seront réutilisables : c’est la stratégie d’héritage, qui consiste à léguer les équipements aux territoires d’accueil. Cocorico encore, sur la nourriture : un maximum de produits seront français et plus de 50% des plats seront végétariens. Bravo !

Sauf que Carbon Market Watch considère insuffisants les efforts sur les transports (lire son analyse) : ils représenteront 40% des émissions des Jeux, essentiellement du fait de l’arrivée des visiteurs en avion. De là à vouloir délocaliser chaque épreuve dans différents pays, comme le recommande l’ONG, ou à inciter chacun à rester devant sa télévision, voilà qui changerait profondément la nature des Jeux, leur caractère festif et leur esprit communautaire. Dont acte.

La promesse de Jeux inclusifs

Qu’en est-il du caractère inclusif des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ? Les collectivités sont à pied d’oeuvre. Les associations d’insertion aussi. Même les entreprises répondent à l’appel, avec bien des partenariats signés avec les acteurs de l’ESS, ceux de l’inclusion et ceux du handicap, notamment dans la construction ou la restauration. 

Quant au sport lui-même en tant que vecteur d’inclusion, le Groupe SOS, acteur-clé de l’entrepreneuriat social, signait la semaine dernière avec la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, une convention de partenariat pour promouvoir l’activité physique et sportive sur tout le territoire français en tant qu’outil d’inclusion : plusieurs de ses associations sont déjà mobilisées, telles que Point Sud, Play International, Ovale Citoyen ainsi que la Fondation pour le Sport Inclusif, dont nous avions déjà parlé sur Médiatico (lire notre article ici)

Des polémiques qui s’accumulent

Voilà bien des messages positifs, adressés à nos Français si souvent grincheux. Mais tout cela n’éteindra pas les polémiques, qui s’accumulent. Sur les expulsions de personnes sans abri, par cars entier vers Orléans. Sur le démontage d’un camp de migrants, pour la plupart en situation régulière, aux portes de Paris la semaine dernière. Sur la paralysie totale du marché du logement, en particulier pour les étudiants, à la veille de Jeux Olympiques forcément lucratifs pour les propriétaires de meublés. Sur le manque de budget pour fiancer les forces de sécurité… 

Et sur le contexte géopolitique, puisque sur injonction du ministère de l’Intérieur, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra annonçait hier que le nageur d’origine russe Michel Arkhangelsky, âgé de 18 ans, arrivé à l’âge de 4 ans en France, l’un des meilleurs espoirs de sa génération, mais dont la demande de naturalisation a été repoussée d’un an en ce début avril, ne pourra finalement pas participer, ni représenter la France, aux Jeux Olympiques de Paris. Son rêve vient d’exploser en vol. La guerre d’Ukraine est à nos portes.

Les valeurs universalistes de l’Olympisme moderne

Je crois pourtant me souvenir que les Jeux Olympiques modernes voulaient porter les combats entre nations sur un autre terrain que celui du sang versé. C’était l’un des arguments de Pierre de Coubertin, à la toute fin du XIXe siècle, quand la défaite grecque contre les Turcs (1897), ou celle des Français contre les Allemands (1870), poussaient les gouvernements à préparer leur jeunesse à combattre pour la revanche. 

Pierre de Coubertin, lui, vantait les mérites des interactions culturelles entre pays et les valeurs éducatives universelles. De là, sont nées les trois valeurs de l’Olympisme : l’excellence, le respect et l’amitié. Elles constituent la base sur laquelle le Mouvement olympique fonde ses activités de promotion du sport, de la culture et de l’éducation pour tous, en vue d’un monde meilleur. Universalisme, coopération, solidarité… Tiens, j’ai déjà entendu cela quelque part.

La fin du XIXe siècle, c’était aussi l’époque où naissait l’économie sociale et solidaire !

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