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Candidat à la présidence d’ESS France le 10 avril prochain, Damien Baldin mène une campagne sur le fond des idées, dans laquelle il valorise autant les fondamentaux historiques de l’économie sociale et solidaire que sa vision de l’action future d’ESS France. Interrogé par Mediatico dans « Ess On Air », l’émission qui traite l’actualité au travers de l’économie sociale et solidaire, le directeur général de la Fondation la France s’Engage nous expose sa vision et ses propositions pour l’économie sociale et solidaire de demain.

C’est d’abord sur le terrain que s’appuie la légitimité de sa candidature à l’instance de représentation nationale de l’ESS, où il espère succéder au président sortant Jérôme Saddier. « Avec la Fondation la France s’Engage, explique-t-il, j’accompagne depuis 4 ans des centaines de de femmes et d’hommes qui font l’économie sociale et solidaire. Je connais leurs besoins, leurs difficultés et leur demande d’être mieux entendus par l’État, les collectivités territoriales, les entreprises et les organisations sociales et professionnelles. J’entends ce besoin de transformation politique ».

Un récit politique issu du socialisme libéral

Pour déployer les ailes de l’ESS, il faut remonter aux racines pour renouveler le récit de l’ESS, selon lui. « L’économie sociale et solidaire a un socle idéologique clair : celui du  socialisme libéral, non pas au sens de Tony Blair et de la fin des  années 80-90, mais celui né au XIXe siècle, qui affirme que les citoyens peuvent s’organiser selon des modalités alternatives, en dehors de l’État et des structures capitalistes classiques, pour l’utilité sociale et l’intérêt général ».

Damien Baldin entend puiser dans les écrits des grands auteurs du socialisme libéral « une autre forme de récit économique, celui d’une troisième voie entre l’économie étatiste socialiste et l’économie néolibérale ». Voilà une vision qui fera sans doute l’unanimité. L’ESS est-elle donc une économie politique ? « Bien sûr, affirme-t-il. Quand les démocraties libérales sont menacées par des forces autoritaires et réactionnaires, il est de la responsabilité de l’économie sociale solidaire » de défendre la démocratie et la justice sociale.

Défendre les modes de financement de l’ESS

Concrètement, Damien Baldin prône « un récit d’ouverture, d’autonomie et d’action », car « sans l’action concrète, les valeurs et les idées ne disent rien ». ESS France doit donc pouvoir « rendre visible et lisible l’action des acteurs de terrain ». Mais aussi défendre les financements de l’ESS : « C’est l’enjeu principal et je pense que ESS France peut entrer dans un dialogue systématique avec les banques publiques et privées pour que l’économie sociale et solidaire soit davantage financée et accompagnée par le système bancaire et les fonds d’investissement ». Un point d’accord avec le délégué ministériel Maxime Baduel, qui souhaite également mobiliser davantage BPI France pour le soutien de l’ESS.

Concernant le financement des associations, il pointe la responsabilité de l’État à défendre, pour des raisons démocratiques, le modèle de la subvention publique. Pour financer non seulement les projets, mais aussi le fonctionnement même des associations. « Aujourd’hui, les subventions fonctionnent par appels d’offres, donc par mise en concurrence entre associations, autour des orientations de politiques publiques définies à l’avance ». Voilà qui prive grandement les associations de toute prise d’initiative propre. « Il faut réaffirmer le soutien au fonctionnement des associations et les subventions non fléchées, comme nous le faisons à la France s’Engage, parce qu’une association a besoin de recruter pour pouvoir grandir ».

Cinq chantiers prioritaires

Damien Baldin énumère sur le plateau de Mediatico ses cinq chantiers prioritaires. Le financement donc. Mais aussi, deuxième chantier, le déploiement d’une culture de l’économie sociale et solidaire auprès des fonctionnaires publics, des médias et des étudiants, dans les filières de commerce, les écoles d’ingénieurs et les BTS.

Troisième chantier, la mise en œuvre de filières d’excellence de l’économie sociale et solidaire, sur des territoires précis et sur des besoins de société majeurs tels que le bien vieillir et la petite enfance. « Nous devons être en capacité de démontrer rapidement que nous avons des résultats positifs et que nous savons répondre à la fois avec efficacité et justice sociale à des enjeux majeur de demain ». Il enchaîne aussi sur l’intelligence artificielle : « L’économie sociale et solidaire ne peut pas passer à côté de cette révolution, nous devons travailler à des modèles de gouvernance de l’intelligence artificielle ».

En matière de gouvernance, enfin, il prône l’exemplarité : « La présidence d’ESS France est une présidence forcément collective, entame-t-il, être président d’ESS France c’est avoir un projet de présidence partagée ». Mais surtout, « les incarnations du pouvoir dans l’ESS ne représentent pas la diversité de la société française », relève-t-il, ni ses enjeux de parité femme-homme. Une de ses premières propositions sera donc de proposer une co-présidence féminine à la tête d’ESS France. S’il est élu, bien sûr…

Le conseil d’administration d’ESS France élira son prochain président le 10 avril. Son mandat débutera deux mois plus tard, lors de l’Assemblée générale d’ESS France prévue le 12 juin 2024.

Voir l’interview intégrale : https://youtu.be/i18VEcDjSlc

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