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Difficultés de trésorerie, de financements, de recrutements : l’éducation populaire traverse une passe particulièrement difficile, qui finira bientôt par impacter une bonne partie des Français. L’éducation populaire recouvre en effet l’animation culturelle, les activités sportives, la politique de la jeunesse, l’émancipation des habitants des quartiers populaires… Le champ est large !

Délégué général d’Hexopée, syndicat des employeurs de l’éducation populaire, David Cluzeau est venu cette semaine dans “Ess On-Air”, l’émission de Mediatico qui décrypte l’actualité au travers de l’économie sociale et solidaire, pour faire le point sur la situation du secteur, à la lumière de la publication de la 4e édition d’une grande enquête nationale sur l’éducation populaire en France.

Premier constat, alors que les associations du secteur ont bien résisté à la crise du Covid, la situation va aujourd’hui beaucoup plus mal, explique d’entrée de jeu David Cluzeau : « Le secteur a montré sa résilience, il a su se réinventer et il a bénéficié des fruits de sa bonne gestion pour passer le cap de la crise sanitaire. Mais les crises s’enchaînent et la résistance des associations s’effrite aujourd’hui très nettement ».

A peine trois mois de trésorerie pour 30% des structures

Concrètement, plus de 30% des associations d’éducation populaire ont moins de trois mois de trésorerie d’avance. En l’espace d’un seul trimestre, elles peuvent donc disparaître et nombre de dirigeants associatifs redoutent de ne pas parvenir à passer le cap des prochains mois, souligne David Cluzeau.

Mais au-delà des seules associations, l’inquiétude porte sur l’avenir de la France, poursuit-il. « Chez nous, le cap économique et le cap social sont extrêmement liés : si notre situation économique se détériore, les associations ne peuvent plus remplir leur objet social et assurer les services attendus à l’égard des habitants ». Les associations d’éducation populaire agissent en effet au coeur des quartiers populaires, des zones rurales, des territoires excentrés ou des secteurs classés en politique de la ville. Toute disparition serait hautement problématique.

De l’indifférence pour 25.000 associations employeuses

David Cluzeau se lance alors dans un calcul éclairant. Aujourd’hui, explique-t-il, 3% des dirigeants associatifs, soit trois fois plus que l’an dernier, n’excluent pas de déposer le bilan dans l’année. « 3% ce n’est pas grand chose, mais rapporté à 25.000 associations d’éducation populaire qui sont employeuses en France, cela représente près de 1.000 associations qui risquent de déposer le bilan sur le territoire national ». Avec deux conséquence directes : des suppressions d’emplois associatifs d’une part, et l’arrêt de multiples activités utiles aux habitants d’autre part.

Un soutien des pouvoirs publics paraît indispensable, mais « 75 % des dirigeants associatifs disent ressentir de l’indifférence des pouvoirs publics face à leur difficultés », poursuit David Cluzeau. Illustration au travers des financements : « Au mieux, les subventions ne baissent pas, ce qui veut dire au regard de l’inflation que les capacités financières des associations se réduisent ; ou alors le soutien financier public diminue, donc non seulement l’inflation n’est pas compensée mais la baisse de la subvention s’ajoute aux difficultés économiques conjoncturelles ». 

Après une première édition en mars 2022, les deuxièmes Rencontres nationales de l’éducation populaire se tiendront du 30 mai au 1er juin 2024 à Poitiers. Au-delà des temps de plaidoyer et de partage d’expériences, nul doute que les questions du financement et du partenariat avec les pouvoirs publics viendront nourrir les débats du secteur.

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