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Voilà une enquête qui tombe à point nommé. Face aux inquiétudes répétées des associations concernant leurs financements publics, le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) a mené sa propre enquête auprès des associations françaises, dont les résultats viennent d’être dévoilés. L’étude met en lumière l’importance des défis financiers auxquels sont confrontées l’immense majorité des associations : leurs sources traditionnelles de financement se réduisent et la diversification de leurs ressources devient impérative pour assurer la pérennité de leurs actions.

Selon les données recueillies, 62% des associations participantes estiment ne pas disposer de financements adéquats pour réaliser leur mission sociale. De plus, 42% d’entre elles ont vu leurs subventions publiques diminuer, tandis que seulement 30% ont constaté une stabilité dans ce domaine. Face à cette diminution des financements publics, les associations sont contraintes de diversifier leurs sources de revenus et de maîtriser leurs coûts.

Une tendance émerge : les associations de taille moyenne, entre 11 et 250 salariés ou disposant d’un budget entre 100 000 € et 2 millions d’euros, sont celles qui cherchent le plus à développer de nouveaux biens et services pour compenser le manque à gagner. Une déclaration éloquente d’un représentant d’une association résume cette réalité : il leur faut désormais « s’écarter de notre cœur d’activité pour trouver des activités rémunératrices qui nous permettront de continuer à assurer notre mission principale. » Voilà qui pose question sur la nature des missions associatives.

Un quart des associations se sent en grande fragilité

Le financement des projets à long terme représente une autre préoccupation majeure pour 91% des associations interrogées, tant pour leur action que pour leur fonctionnement. Ceci met en évidence une nécessité urgente de repenser les mécanismes de soutien financier. Certes, les trois quarts des associations expriment une certaine confiance dans la pérennité de leur structure. Mais cela signifie donc que 25% des associations françaises se sentent en grande fragilité. 

Les associations sportives, en particulier, font face à des défis spécifiques. En effet, 58% d’entre elles ont indiqué recourir principalement à l’augmentation des cotisations pour combler le manque de financement, tandis que 29% ont augmenté leurs prix. Cette réalité met en lumière la nécessité pour ces associations de trouver un équilibre délicat entre la sollicitation financière de leurs membres et la préservation de l’accessibilité à leurs services.

Partenariats privés ou indépendance ?

Face à ces défis, les associations adoptent une approche stratégique diversifiée, combinant plusieurs sources de financement en fonction de leur secteur d’intervention. Dans le domaine de l’environnement, par exemple, les associations se tournent davantage vers de nouveaux mécènes ou développent des biens et services, tandis que d’autres renforcent leur capacité à répondre aux appels d’offres publics.

Dans ce contexte, les associations déplorent un manque de reconnaissance et de confiance de la part des pouvoirs publics et du grand public. Une réflexion approfondie sur les mécanismes de financement des associations en France paraît urgente. Une collaboration accrue entre les pouvoirs publics, les entreprises privées et le secteur associatif pourrait être la voie à suivre pour garantir la pérennité et l’efficacité des actions associatives. Alors même que les associations continuent de revendiquer leur indépendance d’esprit et d’action. Un choix cornélien.

Surtout, le CESE a enclenché une démarche en profondeur et de long terme qui nourrit les espoirs : après une journée délibérative sur le financement des associations organisée au CESE le 20 mars dernier, 50 associations et des membres du CESE ont pu échanger et dialoguer lors de session plénière et au cours d’ateliers thématiques.

Une séance plénière pour dévoiler les propositions du CESE aura lieu le 28 mai prochain, qui marquera l’aboutissement d’un long et passionnant travail collectif, où les rapporteurs Dominique Joseph et Martin Bobel présenteront les pistes d’avancement préconisées.

Consulter le rapport du CESE

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