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Promulguée voilà juste quatre ans, la loi AGEC pour « Anti-Gaspillage et Économie Circulaire » ambitionnait de changer à la fois les habitudes de consommation des Français, les modes de production des industriels, voire les circuits de distribution des produits… Quatre ans après, Mediatico fait le point dans “Ess On-Air”, l’émission qui décrypte l’actualité au travers de l’économie sociale et solidaire.

Notre invité cette semaine est Romain Canler, directeur général de l’Agence du Don en Nature, qui lutte depuis plus de 15 ans contre la précarité. Non pas en distribuant des produits alimentaires, comme le font beaucoup d’autres associations. Mais en collectant des produits neufs invendus auprès des entreprises, tels que des produits d’hygiène, des jouets, du mobilier ou du matériel scolaire, qui sont ensuite redistribués à plus de 1.600 associations partenaires et à leurs familles bénéficiaires.

Association de solidarité contre associations environnementalistes ?

Certes, les critiques de plusieurs associations pleuvent contre la loi AGEC, émanant notamment de Zero Waste France, France Nature Environnement, ou encore des Amis de la Terre, au motif que cette loi n’a pas enrayé la production de plastique et que ses effets pervers ou diversent stratégies de contournement menacent plus encore la biodiversité aujourd’hui qu’hier. 

Romain Canler, lui, ne dresse pas le même bilan : « En tant qu’association de solidarité, nous avons un prisme un peu différent des associations environnementalistes. Les entreprises sont désormais obligées de proposer leurs invendus à des associations telles que les nôtres, donc cela provoque un effet de boost sur notre activité », explique-t-il. 

Plus de 10 millions de produits collectés en 2023

Ainsi, de plus en plus d’entreprises donnent des produits qu’elles auraient encore pu vendre. « Elles le font au titre de leur politique RSE ou de leur politique de solidarité », précise Romain Canler. En 2023, l’Agence du Don en Nature a ainsi collecté plus de 10 millions de produits ou d’objets auprès de 250 entreprises, avant de les redistribuer à 1.600 sur ensemble du territoire.

Il faut dire que la fiscalité du don est particulièrement favorable aux entreprises : 66% de la valeur des produits donnés aux associations sont en effet défiscalisables. Une façon d’éviter de contribuer à la solidarité nationale par son principal outil, qu’est l’impôt ? Peut-être, dans certains cas, reconnaît Romain Canler. 

Les dons sont défiscalisés à 66% par les entreprises

Mais Romain Canler souligne deux points pour nous éviter toute conclusion hâtive. D’une part, certaines entreprises ne demandent pas à l’association le reçu fiscal auquel elle pourrait prétendre, elles ne défiscalisent donc pas leurs dons. D’autre part, la défiscalisation de 66% porte sur le prix de revient des produits, pas sur le prix de vente. L’apparence d’une forte défiscalisation est donc à minorer. 

En fin de processus, le gain final de l’entreprise sur les produits donnés est « assez proche de ce que pratiqueraient des déstockeurs ou des soldeurs ». En d’autres termes, l’entreprise pourrait choisir de déstocker ou de solder. Mais elle préfère donner… 

Peser structurellement sur les causes de la pauvreté

Quinze ans après sa création, l’Agence du Don en Nature entend désormais peser plus durablement et plus structurellement sur les causes de la pauvreté en France, mais aussi sur la manière de réintégrer dans la société les personnes qui sont en situation de précarité matérielle.

À ce titre, l’association vient de lancer avec l’ADEME et l’Université de Paris Dauphine une initiative de recherche dénommée « sobriété matérielle et justice sociale », qui vise à étudier la façon dont les personnes en situation de pauvreté et de précarité peuvent et doivent s’intégrer dans le processus de transition écologique. 

Fin du monde et fin du mois, toujours même combat !


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