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Les Assises nationales du commerce équitable ont rassemblé 250 acteurs du secteur la semaine dernière à Paris,  entreprises, associations, distributeurs, chercheurs, décideurs publics, militants… Tous engagés pour des pratiques de commerce attentif aux revenus décents des petits producteurs, mais aussi à leur développement dans l’agroécologie et les pratiques durables. 

L’occasion de célébrer le franchissement du cap des 2 milliards d’euros de ventes de produits issus du commerce équitable en 2022 (+1,96%) contre 1 milliard voilà cinq ans, mais aussi la part croissante des filières françaises (+5,5% pour atteindre désormais 35% des volumes de ventes). 

Le développement du commerce équitable en France provient notamment des ventes en grandes et moyennes surfaces (GMS), dont la part de marché est passée de 42% à 51% en l’espace de cinq ans. Avec un ciblage toujours très marqué sur le café (23% des ventes), mais aussi désormais la boulangerie viennoiserie (21%), les produits chocolatés (12%), la banane (10% à elle seule) et les fruits et légumes frais (7%).

Marchés publics : pour une “exception alimentaire” en Europe

Mais ce succès croissant se construit aussi grâce à l’engagement des acteurs publics, comme la Ville de Paris, qui a fait entrer les produits du commerce équitable dans ses événements et dans son offre alimentaire dans les cantines scolaires. Pour autant, Audrey Pulvar, adjointe à la Maire de Paris, aimerait bien aller plus loin : « Nous devons mener le combat pour une exception alimentaire à l’échelle européenne sur la question des marchés publics, assure-t-elle, pour que les collectivités puissent orienter 50% de leur commande publique à des acteurs de proximité, alors qu’aujourd’hui c’est interdit ».

Parmi les autres revendications portées durant la journée, et plébiscitées par le public, figurent le changement d’indicateurs de richesse et de modèles économiques, la création d’une taxe équitable aux frontières de l’UE pour lutter contre la pauvreté importée, ou encore la transformation des habitudes culinaires dès l’enfance « car nos goûts sont façonnés depuis des années », a indiqué Sophie Dubuisson Quellier, directrice de recherche au CNRS.

Marianne Naudin Ait Said, chef de projet RSE chez Lidl, a également mentionné l’indispensable transparence sur les filières très longues comme la banane et le cacao, ainsi que la mise en place d’une TVA différenciée sur les produits issus du commerce équitable en fonction de la durabilité des produits. 

Huit trophées pour les champions du commerce équitable

Enfin, la journée a été l’occasion de récompenser huit champions du commerce équitable, avec la remise des premiers Trophées de la transition “commerce équitable et agroécologie”. Ces distinctions ont salué les initiatives exemplaires qui intègrent le commerce équitable dans leurs filières agro-alimentaires. Ces trophées mettent en avant le rôle d’accélérateur de transition agroécologique du commerce équitable et soulignent les bénéfices socio-environnementaux qu’il génère.

Les huit lauréats ont adopté des pratiques exemplaires telles que la décarbonation des modes de production, la préservation des forêts, la lutte contre la déforestation, et des investissements dans la régénération de la fertilité des sols et la préservation de la biodiversité.

En France et en Afrique de l’Ouest, le commerce équitable offre un accès à des marchés stables et rémunérateurs, créant ainsi un environnement propice au développement d’innovations sociales et environnementales. Dans un contexte de changement climatique exacerbant l’instabilité des prix et des rendements, le commerce équitable, axé sur la coopération entre les acteurs des filières, se révèle être un rempart économique sécurisant, favorisant l’innovation et la transition.


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