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Le gouvernement Attal à peine formé, l’économie sociale et solidaire s’interroge. Où sont passés le Logement, les Transports, la Vie associative ou l’Économie sociale et solidaire ? Chacun attend de connaître le nom des ministres délégués ou des secrétaires d’Etat en charge de ces secteurs, particulièrement essentiels aux acteurs de la transition écologique et sociale.  Réponse cette semaine, peut-être même aujourd’hui, me disait-on la semaine dernière dans l’entourage d’Olivia Grégoire. Attendons donc.

Nul besoin de monter au créneau trop tôt, de toutes façons, contre un gouvernement dont la composition n’est pas encore finalisée, fût-il particulièrement dur à l’égard des publics précaires dont se soucie l’ESS comme en témoigne le contenu de la loi Immigration. Les réactions sont par conséquent encore discrètes parmi les grandes instances représentatives du monde associatif, coopératif ou de la solidarité, ainsi que dans le champ de l’entrepreneuriat social. Mais l’économie sociale et solidaire ne se fait pas d’illusions. 

Rachida Dati a certes promis de défendre la culture populaire dans son premier discours de ministre de la Culture. Mais le magazine Télérama nous rappelle que la culture n’a jamais intéressé Rachida Dati (ex-LR), qu’elle n’y connaît rien et qu’elle n’a pris la parole que deux fois sur le sujet en quinze ans de mandat au Conseil de Paris, où elle était cheffe de file LR. Alors oui, le secteur culturel s’inquiète, lui qui relève à 80% de l’économie sociale et solidaire. Et il n’a pas tort de rappeler que Laurent Wauquiez (LR aussi) a radicalement transformé la politique de subventions aux acteurs culturels de la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis quelques années, évinçant les associations jugées trop gauchistes.

La Loi Immigration nécessite un sursaut citoyen

Dans le champ des libertés démocratiques, les manifestations et les tribunes se multiplient. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce week-end en France contre la Loi Immigration, votée avec les voix du Rassemblement national avant Noël. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH), la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) et de nombreuses associations dans leur mouvance, appellent à faire de dimanche prochain une manifestation d’ampleur contre la Loi Immigration et ses effets délétères sur les personnes précaires, ainsi que sur les intervenants salariés, bénévoles ou partenaires publics qui leur viennent en aide.

De même, une tribune signée de 201 personnalités dans Mediapart estime que cette loi remet en cause les piliers du pacte républicain, menaçant les droits fondamentaux de tous les citoyens, Français ou étrangers. Les 201 appellent eux aussi à manifester dimanche prochain. Et nul doute que le Mouvement Associatif sera de la partie, lui qui avait fédéré plus de 150 organisations de la société civile dans une tribune publiée en décembre dans Libération, appelant à un sursaut citoyen face à une telle loi. 

Logement, précarité et non-recours aux droits

Le secteur social n’est pas en reste. Nul doute que la Fondation Abbé Pierre affûte déjà ses arguments avant la présentation de son prochain rapport sur le mal-logement, attendu le 1er février prochain. Nous célébrerons alors le 70e anniversaire de l’appel de l’Abbé Pierre, celui du fameux hiver 1954.

D’autres acteurs de l’ESS veulent accélérer « le déploiement de la solidarité à la source » en 2024, au regard de la précarisation croissante de la société en ces temps d’inflation. Face au nombre important de personnes éligibles qui ne recourent pas aux prestations sociales, ils demandent en effet à automatiser l’accès à ces aides et signent à cet effet une tribune dans le journal « Le Monde ». 

Pas de visibilité sur les contrats à impact ou le contrat de filière

Quant aux questions plus structurelles qui concernent l’économie sociale et solidaire, elles sont suspendues à la nomination des ministres délégués et secrétaires d’Etat. Dans le gouvernement précédent, Olivia Grégoire avait marqué sa volonté d’accélérer sur les contrats à impact. Mais le Collectif des Associations Citoyennes vient de sonner la charge contre « le vrai visage des contrats à impact, piège financier pour les collectivités ». 

Olivia Grégoire avait aussi proposé à l’ESS de signer avec l’Etat un « contrat de filière » pour financer le développement des acteurs du secteur. Or, à deux semaines du Forum national de l’ESS de Niort, la structure faîtière ESS France ne parle déjà plus de ce contrat de filière, mais reprend son idée initiale d’une loi de programmation pluriannuelle qu’il serait habile de faire voter en 2024, dix ans tout juste après la Loi ESS de 2014.

En attendant la composition complète du gouvernement de Gabriel Attal, l’ESS ne fait donc pas que s’interroger. Elle s’inquiète aussi, réclamant de la visibilité, de la stabilité et de la cohérence dans la conduite des politiques publiques. Cette période d’attente, que l’on ne saurait reprocher au Premier ministre tant la composition d’un gouvernement dans un tel contexte politique est délicat, est aussi une période d’incertitudes et d’instabilité.

Une brèche béante, qui ouvre la porte à toute les contestations. Et qui empêche pour l’heure toute réponse politique.


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