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Avec dignité, solidarité et sans tabou, l’économie sociale et solidaire part à l’offensive du “marché de la mort”. Le Kiif, un nouveau réseau créé par dix incubateurs bien connus de l’entrepreneuriat social, vient de lancer le programme « Épilogue », qui va accompagner cette année dix structures de l’ESS dans leur activité d’accompagnement de la fin de vie et des familles endeuillées. Son objectif à long terme : aider les Français à « changer de regard sur la mort », affirme Josepha Poret, présidente du Kiif, également directrice générale de l’incubateur lyonnais Ronalpia, dans l’émission “ESS On Air” de Mediatico.

Alors que les scandales dans les crèches et les Ehpads privés lucratifs ont révélé que la recherche du profit pour des actionnaires aboutit trop souvent à des situations inhumaines et honteuses, voici un autre temps fort critique de la vie humaine, plus tabou que tous les autres, sur lequel les acteurs privés ont depuis longtemps jeté leur dévolu : la mort, ses non-dits, les peines qui l’entourent… et le tarif des prestations proposées par les acteurs privés, souvent en situation de quasi monopole.

Certes, l’économie sociale et solidaire n’a pas attendu le Kiif pour se saisir de la question. Les institutions de prévoyance, auxquels la plupart des salariés cotisent, font déjà partie de l’ESS. Tout comme les mutuelles dans le domaine de la santé par exemple. De même, plusieurs coopératives funéraires existent déjà en France, mais toujours attachées à un département ou une région puisque c’est l’essence même de l’ESS que d’être ancrée sur un territoire. 

Fin de vie : la loi devrait être votée en juin

Avec le Kiif, l’ambition devient tout à la fois sociétale et nationale. Sociétale, d’abord, car c’est un changement de culture qu’il s’agit d’opérer : en questionnant la douleur, en libérant la parole, en affrontant la fin de vie. En regardant la mort en face, comme l’a exprimé le président de la République. La démarche est d’ailleurs bien entamée, avec la convention citoyenne sur la fin de vie portée par le CESE et la présidente de son comité de gouvernance, Claire Thoury, également présidente du Mouvement Associatif. Mais aussi avec une loi sur la fin de vie, qui s’apprête enfin à voir le jour en France. Elle sera sans doute votée en juin prochain.

Les 10 projets lauréats de l’appel à projet du Kiif s’inscrivent parfaitement dans ce changement de vision sociétale. Ils visent à créer des réseaux de solidarité autour des personnes en fin de vie, à inventer des tiers-lieu spécifiques autour du sujet de la mort, à transformer les cimetières en espaces plus accueillants pour la biodiversité, à mieux accompagner les aidants familiaux… Le champ de l’innovation sociale en la matière est vaste !

Le Kiif, un réseau d’incubateurs déjà présent dans 9 régions

Mais le Kiif porte aussi une ambition nationale, puisqu’il regroupe des incubateurs dans neuf grandes régions françaises, qui coopèrent déjà depuis 7 ans : L’Adress en Normandie, Atis en Nouvelle-Aquitaine, Antropia et Makesense en Ile-de-France, mais aussi Évident! dans les Hauts-de-France, InterMade en région Sud, Le Labo des Partenariats dans le Grand-Est, sans oublier Les Écossolies en Pays-de-la-Loire, Première Brique en Occitanie, et donc Ronalpia en Auvergne-Rhône-Alpes.

Ensemble, ces dix incubateurs ont déjà accompagné 8.000 projets sur les dix dernières années. Cette année, ils vont accompagner dix structures supplémentaires lauréates de l’appel à projets Épilogue, pour les aider à défricher cette nouvelle audacieuse, à déployer leur offre, à faire système entre acteurs de l’innovation sociale, et à gagner des parts de marché face au secteur privé lucratif. 

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