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Après des années de lutte, le dépôt de bilan… et déjà, le site internet est désactivé. S’implanter sur le marché ferroviaire français n’est facile pour personne, pas même pour les grands concurrents européens. La société coopérative Railcoop, elle, avait déposé le bilan à l’automne. Et l’annonce de sa liquidation judiciaire, prononcée par le tribunal de commerce de Cahors le 29 avril dernier, a sonné le glas du rêve des 14.500 sociétaires que l’entreprise coopérative avait pourtant réussi à fédérer. 

Le projet initial de Railcoop était pourtant des plus séduisants : relancer la liaison ferroviaire Bordeaux-Lyon, abandonnée de longue date par la SNCF car non rentable. Cette initiative aurait permis de rétablir la connexion entre plusieurs villes moyennes, tout en offrant un service de nuit et en promouvant les mobilités propres. Malheureusement, les difficultés se sont accumulées dès le début pour la coopérative. Le choix de la liaison, la complexité du projet, le manque de soutien des investisseurs ont entravé sa progression.

La coopérative a également dû affronter la réalité implacable du marché ferroviaire français. L’acquisition du matériel roulant, très onéreuse, s’est avérée être un défi majeur. Tout comme la question des financements nécessaires pour lancer un service voyageur en tant que nouvel opérateur. De plus, les péages ferroviaires ont augmenté de manière significative, rendant la compétition avec des acteurs établis comme la SNCF encore plus difficile.

Railcoop : une leçon, mais aussi un exemple

Nicolas Debaisieux, co-fondateur de Railcoop, accuse la SNCF de ne pas avoir soutenu le projet et d’avoir adopté une attitude condescendante. L’inverse eût été étonnant, dans l’univers concurrentiel du secteur ferroviaire européen. Mais la dette de Railcoop, ainsi qu’un litige avec l’entreprise chargée du stockage des rames, en attendant leur mise en exploitation, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

L’échec de Railcoop soulève des questions sur la viabilité des nouveaux entrants sur le marché ferroviaire français. Mais aussi sur la capacité des initiatives coopératives à rivaliser avec des géants bien établis comme la SNCF, en position dominante sur son marché. L’histoire de Railcoop servira de leçon pour les futurs acteurs du secteur ferroviaire, mais aussi d’exemple pour toutes les initiatives coopératives qui s’interrogent sur la capacité à mobiliser de façon massive tous les acteurs d’un large territoire.

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