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Le Mois de l’économie sociale et solidaire, c’est parti ! De Vannes à Marseille, de Strasbourg à Clichy, de Nanterre à Dijon, voici que s’ouvre un mois de communication, de sensibilisation et de démonstrations locales. Demandez le programme, il est juste ici ! Objectif : convaincre le grand public et nos grands décideurs qu’une autre économie est possible, fondée sur la coopération et la solidarité des hommes et des femmes qui s’engagent au coeur des territoires, plutôt que sur la compétition et le profit individuel qui prévalent dans un capitalisme mondialisé. En France, l’ESS pèse 7% du PIB, compte 2,6 millions de salariés et a créé 80.000 emplois en deux ans. Assurément, dans ces temps troublés, l’ESS est une réponse qui compte !

Mais saviez-vous que le Mois de l’ESS, ancré dans les territoires, est né loin de la capitale, à 800 km de là ? L’initiative n’est pas parachutée d’en haut. Elle est née voilà tout juste 20 ans, en 2003, d’une impulsion de la Chambre Régionale de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (CRESS PACA), rappelle son président, Denis Philippe. La manifestation a ensuite été reprise à partir de 2008 dans plusieurs régions par les Chambres Régionales de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS). Et elle se trouve à présent coordonnée au niveau national par ESS France.

Mais le Mois de l’ESS est surtout, cette année plus que jamais, un mois d’accélération. Le président d’ESS France, Jérôme Saddier, inaugurait hier ce 16e mois de l’ESS en déclarant : « L’économie sociale et solidaire est une économie de conquête, pas simplement une économie de gestion ». Voilà qui appuye le slogan de ce Mois 2023, placé sous le signe du « pouvoir transformateur de l’ESS ». 

L’ESS est ambitieuse, sûre d’apporter les réponses adaptées aux défis de notre temps. Mais elle connaît aussi ses faiblesses. « Tout ce qui affaiblit les territoires affaiblira l’ESS », a estimé Florentin Letissier, maire adjoint de Paris. « Nous avons besoin de financements, de visibilité, d’un ancrage institutionnel stabilisé dans le temps et de budgets en augmentation », a-t-il déclaré hier, s’adressant à la ministre Olivia Grégoire et soulignant notamment les craintes concernant la pérennité du financement des chantiers d’insertion.

La réforme des fonds 90-10 va apporter 800 M€ de plus pour l’ESS

La ministre Olivia Grégoire est alors venue égrener quelques chiffres, inconnus jusqu’alors : 12 millions d’euros viennent d’être débloqués pour un plan de financement du commerce rural, qui concerne au premier chef de nombreuses structures de l’ESS. De plus, 3 millions d’euros par an seront affectés à un plan d’amorçage des structures de l’ESS en zones rurales. Sans oublier les 2,5 millions d’euros par an qu’elle a choisi de « sanctuariser », dit-elle, pour créer de nouveaux Pôles territoriaux de coopération économique (1 M€) et pour développer davantage les PTCE qui existent déjà en en labellisant 15 nouveaux par an (1,5 M€).

En outre, 300 millions d’euros ont été affectés à un nouveau fonds territorial d’accessibilité pas plus tard que la semaine dernière, destiné à rendre les commerces et les équipements accessibles aux personnes handicapées : la ministre a imposé que 50% de cette enveloppe puisse bénéficier à des associations. Et parce que « la reconnaissance de l’innovation sociale est importante », Olivia Grégoire a promis la simplification des contrats à impact social (CIS), car « la phase d’étude de 12 mois est beaucoup trop longue ».

Enfin, dans la finance solidaire, Olivia Grégoire a annoncé la réforme des fonds 90-10. Lorsqu’ils collectent l’épargne des Français, les acteurs de la finance solidaire constituent en effet des fonds, qui sont investis à 90% sur les marchés financiers et à 10% dans des structures de l’économie sociale et solidaire. Ainsi, un Livret de développement durable et solidaire (LDDS) n’est véritablement solidaire qu’à hauteur de 10% de sa valeur… ce qui a le don d’irriter les puristes. La ministre a annoncé un changement réglementaire pour constituer prochainement des fonds 85-15. En augmentant la « poche solidaire » de ces fonds à 15% du total, 800 millions d’euros de financements supplémentaires seront dégagés pour les projets de l’ESS, à commencer par les foncières solidaires. 

L’ESS pourrait être érigée en « filière économique », financements publics à la clé

Mieux encore, alors qu’ESS France réclamait une loi de programmation budgétaire ces dernières semaines pour financer le développement de l’ESS, voilà qu’Olivia Grégoire émet plutôt l’hypothèse d’élaborer un « contrat de filière » entre l’Etat et l’ESS, si ses acteurs trouvent l’idée pertinente. L’économie sociale et solidaire serait donc alors officiellement érigée en « filière économique », au même titre que l’automobile, l’aéronautique ou les artisans d’art. Ce qui leur vaut chaque année des subventions structurantes ou des crédits d’impôt conséquents

Ainsi, jusqu’au plus haut niveau ministériel, l’ESS est en voie d’accélération, elle qui se présente comme une réponse innovante et solidaire particulièrement pertinente, en ces temps de transition où les défis sociétaux et environnementaux semblent chaque jour plus nombreux que la veille. Voilà qui nous rappelle combien l’économie doit être pensée comme un moteur du bien commun. Et combien la solidarité doit devenir la clé d’un avenir durable et inclusif.

Le Mois de l’ESS 2023 vous offre une occasion unique de découvrir comment l’ESS peut changer la donne dans des domaines comme l’emploi, l’environnement, l’éducation, ou encore la lutte contre la pauvreté. Il vise aussi à inspirer de nouvelles générations d’entrepreneurs sociaux et d’innovateurs, pour qu’ils intègrent les principes de l’ESS dans leurs projets. Ça vous parle ?
Pour plus d’informations, pour ne rien rater des 1.600 événements prévus et déjà recensés, visitez le site web du Mois de l’ESS 2023 et suivez le hashtag #MoisESS2023 sur les réseaux sociaux.

Parmi les moments forts du Mois de l’ESS 2023 :

1. Des conférences inspirantes : Des leaders de l’ESS, des entrepreneurs sociaux et des experts se réuniront pour partager leurs expériences et leurs connaissances lors de conférences inspirantes. Ces événements permettront au public de comprendre comment l’ESS peut être un moteur de changement positif dans notre société.

2. Des visites de terrain : Les participants auront la possibilité de visiter des entreprises et des organisations de l’ESS pour découvrir de près comment elles fonctionnent et contribuent au bien-être de la communauté.

3. Des initiatives locales : Dans chaque région, des initiatives locales seront organisées pour promouvoir l’ESS à l’échelle communautaire. Cela pourrait inclure des marchés solidaires, des foires aux idées, des ateliers de formation et bien plus encore.

4. Des campagnes de sensibilisation : Des campagnes de sensibilisation seront lancées pour mettre en évidence les avantages de l’ESS et encourager les individus, les entreprises et les organisations à s’engager dans des pratiques plus solidaires.

(photo de l’article : Fresque de l’économie sociale et solidaire présentée par Lison Bernet, facilitatrice graphique, le jeudi 19 octobre 2023 à la MCC Bourg-en-Bresse – source : Mois de l’ESS)


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