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Une nouvelle réalité s’impose dans le paysage de l’aide alimentaire. Les associations caritatives nationales restreignent les conditions d’accès à leurs circuits de distribution, après avoir prévenu à l’automne de leurs difficultés financières (lire ici). Elles sont contraintes aujourd’hui de refuser certains demandeurs, qui se tournent alors vers des structures plus petites à leur tour engorgées.

C’est le cas de l’épicerie solidaire de l’association Solidarité Saint-François, à La Garde, près de Toulon. Elle a ouvert ses portes il y a un an et demi et aide déjà 120 demandeurs inscrits. Mais depuis quelques semaines, l’association est confrontée à une forte hausse de la demande.

“Il y a toujours plus de demandeurs et, de l’autre côté, chaque fois que des gens sont refusés dans les grands réseaux, ils viennent chez nous. Cela nous inquiète, car nous ne sommes pas structurés pour augmenter nos capacités de distribution”, explique à la presse locale Emmanuel Michaud, le président de l’association.

Les épiceries solidaires submergées

Avec son équipe de 15 à 20 bénévoles actifs, cette épicerie solidaire s’efforce de répondre à la demande de 120 familles grâce au soutien du Fonds social européen, du réseau des Banques alimentaires et des commerçants locaux, allant de la boulangerie à la grande surface locale. 

Mais, phénomène nouveau, le manque de coordination, et parfois même le manque de solidarité entre les grandes associations et les structures plus modestes, accroît considérablement la pression sur les associations de proximité. La mise en place de coopérations et d’espaces de dialogue sont plus que jamais nécessaires, face à cette crise croissante de l’aide alimentaire.

Car pour la première fois de leur histoire, et près de quarante ans après leur création, les Restos du Coeur ont en effet durci cet hiver leurs critères d’éligibilité, baissant le niveau de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire. A cela, plusieurs explications. 

D’une part, le nombre de demandeurs ne cesse de croître, du fait de l’inflation alimentaire qui amplifie la crise sociale. Les Restos du Coeur ont aidé 9,3 millions de personnes en 2023, soit 1,3 million de plus qu’en 2022. Un tel rythme de croissance n’est pas tenable. D’autre part, les recettes des Restos du Coeur s’avèrent insuffisantes à compenser l’envolée des coûts de l’énergie, pourtant indispensable chauffer les entrepôts, transporter les victuailles et faire tourner les camions frigorifiques. 

L’aide de l’Etat n’est pas à la hauteur de la crise sociale

Or, l’appel au secours des Restos du Coeur aux pouvoirs publics n’a pas reçu la réponse attendue face à l’urgence du quotidien : pour un déficit prévisionnel de 35 millions d’euros annoncé en septembre, les Restos du Coeur n’ont reçu que 8 millions d’euros d’aide exceptionnelle de l’Etat. Heureusement, de nombreuses promesses de dons privés ont suivi. Mais, à cette heure, l’idée d’une faillite des Restos du Coeur n’est toujours pas écartée.

Surtout, les restos du Coeur sont l’arbre qui cache la forêt : la Croix Rouge, le Secours Populaire ou le Secours Catholique font face aux mêmes difficultés financières, à la même augmentation du nombre de bénéficiaires et à l’impossibilité de répondre seules à la même crise sociale. 

Cette situation met en lumière les très sérieuses limites du système. Une coordination locale de l’ensemble des acteurs publics et privés de l’aide alimentaire apparaît en effet plus urgente que jamais. De même qu’une indispensable politique sociale déployée à l’échelle nationale, à destination des populations les plus en difficulté et notamment des 9 millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté.

Vite ! Le nouveau gouvernement dirigé par Gabriel Attal a du pain sur la planche.


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